Les autres découvertes du rapport sur la mort de Yasser Arafat

Depuis 2 jours, je me suis transformée (enfin j’essaie) en spécialiste de chimie nucléaire.

Tu ne sais pas ce que c’est ?

Moi non plus.

Mais après avoir lu et relu les 108 pages du rapport suisse sur la mort de Yasser Arafat, je peux t’en dire un peu plus sur le Polonium 210, sa composition, son altération et sa potentielle mortalité.

Ouais, pas sûr que ça me soit utile dans le futur.

Quoiqu’il en soit, j’ai essayé de comprendre des symboles avec des chiffres en exposant, j’ai cru comprendre que la Polonium 210 était une substance radioactive qui existait de manière naturelle, que cette substance avait été retrouvée en très grande quantité sur les restes de l’ancien leader palestinien. Une quantité supérieure aux niveaux produits de manière naturelle mais pas suffisante pour en conclure que Yasser Arafat a été empoisonné au Polonium.

Tout ça pour ça me diras-tu.

Oui mais pas seulement. J’ai aussi découvert d’autres choses très intéressantes sur Yasser Arafat dans ce rapport et je vais les partager avec toi.
Pas sûr que ça aide beaucoup la science mais moi ça m’a aidé à ingurgiter 108 pages de rapport bourré de chimie nucléaire. Et ça, ça n’a pas de prix.

Ce rapport nous fait plonger dans le sac de Yasser Arafat, celui qu’il avait avec lui à sa mort à l’hôpital Percy en France en 2004. Une plongée dans l’Histoire, dans les affaires d’un homme qui aura marqué le XXIè siècle et qui est, encore aujourd’hui, l’icône nationale palestinienne.

Alors, voilà.

Yasser Arafat avait avec lui :

–       des vitamines
–       des pastilles pour la gorge Strepsils
–       des plaquettes d’Actifed jour et nuit
–       une boite d’Efferalgan
–       du Vicks
–       des cookies à la noix de pécan
–       une bouteille de parfum ‘Eternity’
–       une bouteille de parfum ‘Egoïste’ de Chanel
–       une eau de Cologne Roger Gallet
–       13 paires de chaussettes
–       1 paire de gants
–       3 chapkas
–       3 paires de chaussons
–       un jogging
–       une casquette
–       9 slips (dont certains avec des traces d’urine) (quoi, dégueu ??)
–       un keffieh
–       5 paires de lunettes
–       un foulard avec des dessins d’enfants dessus
–       1 flashlight
–       1 trousse de manucure
–       1 brosse à dent
–       1 boîte d’allumettes

Et finalement, on se dit que la question centrale ce n’est pas : qui a mis du polonium dans ses affaires? mais qui lui a filé des Strepsils?

Non, mais c’est vrai. ça ne marche pas les Strepsils, si?

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“Et le phénomène des bédouins disparaîtra” Moshe Dayan, 1963

Une fois n’est pas coutume, je viens écrire sur des déplacements de populations, des démolitions, des confiscations de terres. Mais cette fois cela n’a pas lieu en Cisjordanie dans sa zone C si accueillante (sic). Non, cette fois cela a lieu en Israël. Et plus précisément dans le nord du désert du Néguev où vivent près de 200.000 Bédouins. Le gouvernement israélien envisage aujourd’hui d’en déplacer 40.000 pour les installer dans des villes. Un projet qui va à l’encontre du mode de vie bédouin, nomade, et centré sur l’agriculture et l’élevage ; et qui permettrait à Israël de récupérer des terres arabes.

« Vous imaginez le gouvernement français demander à des agriculteurs de quitter leurs terres et de les obliger à s’installer à Paris ?!. Et il leur dit : ‘Vous avez 3 ans pour le faire et si vous ne le faites pas, vous serez déplacés de force’. » Thabet Abu Rass travaille à l’association Adalah, installée à Beer Sheva la principale ville du désert du Néguev dans le sud d’Israël. Il défend les droits de la minorité arabe en Israël (dont font partie les bédouins qui ont tous la citoyenneté israélienne) et il est la tête de proue des opposants au projet Prawer-Begin qui vise à sédentariser 40.000 bédouins dans des villes nouvelles.

Thabet Abu Rass parle d’un plan destructeur et raciste. Doron Almog qui coordonne le plan pour le gouvernement israélien y voit, lui, amélioration et modernité : « Le but de ce plan c’est d’améliorer la qualité de vie des bédouins du Néguev. Car aujourd’hui c’est la population la plus pauvre d’Israël. Ils ont le droit à la modernité, à la scolarité et à l’emploi. C’est un grand changement que nous voulons mettre en place dans le sud d’Israël ».

Thabet Abu Rass dans son bureau à Beer Sheva Photo (c) Mouna Saboni www.merblanche.com all rights reserved

Thabet Abu Rass dans son bureau à Beer Sheva
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Le plan, toujours en discussion au Parlement, veut en fait s’attaquer aux 35 villages non reconnus du désert du Neguev. Des villages faits de maisons en tôles ou en bâches et où aucun service public n’est disponible. Khalil Al-Amour vit dans l’un de ces villages : « Vivre dans un village non reconnu en Israel c’est vivre quelque part dans le désert, sans adresse postale, on est enregistré nulle part,  on n’apparaît sur aucune carte et surtout on souffre du manque de services publics : pas d’eau potable,  pas de route, pas d’infrastructure, pas d’électricité, pas d’école, de cliniques ». Car le gouvernement israélien ne reconnaît pas ces communautés qui, dit-il, se sont installées spontanément sans titre de propriété. Ce que conteste Khalil Al-Amour : « Ma famille habite ici depuis plus de 7 générations, depuis plus de 300 ans. Nous avons un titre de propriété acheté en 1921, plus de 27 ans avant la création d’Israël ! Nous sommes heureux où nous sommes, nous voulons rester ici et préserver nos valeurs et nos traditions dont nous sommes très fiers. »

Un des 35 villages bédouins non reconnus du désert du Neguev Photo (c) Mouna Saboni www.merblanche.com all rights reserved

Un des 35 villages bédouins non reconnus du désert du Neguev
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Qui sont les bédouins du Neguev ?

Les bédouins sont un peuple nomade du désert qui vit de l’agriculture et de l’élevage de chèvres ou de moutons. Avant 1948, le désert du Néguev accueillait entre 66.000 et 90.000 Bédouins répartis dans 95 tribus différentes. Après la guerre de 1948 et la création de l’Etat d’Israël, 85% d’entre eux ont quitté leurs terres et ont fui vers la Cisjordanie, Gaza, la Jordanie et l’Egypte. Au début des années 50, il ne restait que 19 tribus qui ont dû, par la force des choses, se sédentariser. La loi martiale et les restrictions de déplacement ne leur permettaient plus de se déplacer avec leurs troupeaux et les différentes tribus ont été regroupées dans une zone au nord du désert du Néguev, appelée Ziyag et où la terre est peu fertile.

Thabet montre la Ziyag zone (en blanc) où on été regroupés les bédouins du Néguev depuis les années 50. Photo (c) Mouna Saboni www.merblanche.com all rights reserved

Thabet montre la Ziyag zone (en blanc) où on été regroupés les bédouins du Néguev depuis les années 50.
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Très vite, les Bédouins du Néguev sont devenus un « problème » pour Israël. Dès 1963, le général Moshe Dayan n’hésitait pas à dire : «  il faudrait que nous transformions les bédouins en un prolétariat urbain, pour l’industrie, les services publics, la construction et l’agriculture. Le bédouin ne vivrait plus sur ses terres mais deviendrait une personne urbaine (…). Ceci serait une révolution mais c’est réalisable en deux générations. Et ce phénomène des bédouins disparaitra ».

Plusieurs plans se sont alors succédés pour sédentariser les bédouins et mettre un terme à leurs revendications territoriales dans le Neguev. A la fin des années 1960, le gouvernement israélien a décidé de créer 7 villes nouvelles pour y installer les communautés bédouines. La première, Tel es-Sabe, fut créée en 1969, la dernière, Hura, en 1989. Aujourd’hui, près de 100.000 bédouins habitent dans ces 7 villes où les taux de pauvreté, de criminalité et de chômage sont les plus élevés du pays.

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La ville bédouine de Rahat créée en 1971 et où habitent aujourd’hui 55.000 personnes.
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Mais tous les Bédouins ne se sont pas installés dans ces villes : 90.000 d’entre eux ont refusé de quitter leurs terres et leurs villages. Et c’est à ceux-là qu’Israël veut aujourd’hui s’attaquer avec son plan Prawer-Begin. « Les Bédouins rejettent ce plan car ils revendiquent leur propriété sur ces terres, ils étaient là bien avant la création d’Israël, c’est le peuple du désert, un peuple ancestral », explique l’avocat Thabet Abu Rass. « Les Ottomans et les Britanniques ont toujours respecté les coutumes et la loi tribale des bédouins du Néguev. Et aujourd’hui, Israël veut concentrer les bédouins dans une petite zone du nord du désert. La politique israélienne depuis 1948 a 3 composantes : regrouper les Bédouins du Néguev, les sédentariser dans des villes et mettre un terme au conflit sur la propriété de leurs terres ».

Le plan Prawer-Begin selon l'association Adalah. On y voit quels villages sont sensés être déplacés. Photo (c) Mouna Saboni www.merblanche.com all rights reserved

Le plan Prawer-Begin selon l’association Adalah. On y voit quels villages sont sensés être déplacés.
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Sédentariser pour moderniser ?

Du côté du gouvernement israélien, il s’agit avant tout d’améliorer les conditions de vie des bédouins en détruisant les 35 villages non reconnus, dont certains sont peuplés de plus de 8.000 personnes. Une équation que ne comprend pas vraiment Attia el-Assam, le président du conseil des villages non reconnus du Néguev. « Le plan israélien est un plan destructeur et très négatif pour nous. On parle de la confiscation de 50 000 hectares de nos terres, la destruction de 35 villages non reconnus et l’expulsion de 40 000 bédouins de leurs terres. Le gouvernement israélien, lui, parle de sa volonté de promouvoir le mode de vie bédouin. Mais je ne vois pas comment on peut promouvoir un mode de vie en le détruisant, en détruisant nos maisons ».

Maisons bédouines dans un des 35 villages non reconnus dans le désert du Néguev. Photo (c) Mouna Saboni www.merblanche.com all rights reserved

Maisons bédouines dans un des 35 villages non reconnus dans le désert du Néguev.
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D’ailleurs, la majorité des Bédouins qui vivent dans ces villages non reconnus refusent de bouger et d’abandonner leurs terres. A l’image de Khalil et de sa famille : « Nous avons choisi de rester sur les terres de nos ancêtres mais ça ne veut pas dire qu’on est contre la civilisation et la modernité. Par contre, nous sommes contre le projet qui vise à tous nous déplacer et à nous enfermer dans une petite portion de terre. Nous voulons préserver notre mode de vie qui est simple et rural. Et pour cela nous voulons rester sur la terre de nos ancêtres, pas devenir des réfugiés sur nos propres terres ».

Mais du côté du gouvernement israélien, on se défend de tout déplacement forcé de population. « Il ne s’agit pas de déplacer les Bédouins mais de créer de nouvelles communautés, modernes, dans la même zone où ils sont déjà », explique Doron Almog du bureau du premier ministre israélien, « Et cette modernité passe par 4 facteurs : des maisons modernes, des zones industrielles et commerciales, des services comme des écoles, des centres de soins et enfin des infrastructures, des routes. Et pour cela, nous ne pouvons pas reconnaître toutes les petites communautés ou chaque maison de bédouins. Ce n’est pas viable à long terme, ni pour les bédouins ni pour Israël. »

Une maison bédouine dans un village non reconnu du désert du Néguev. Photo (c) Mouna Saboni www.merblanche.com all rights reserved

Une maison bédouine dans un village non reconnu du désert du Néguev. Au fond, la ville de Beer Sheva.
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Un conflit territorial et identitaire

Au centre de la question des Bédouins, il y a surtout un conflit de terres. La plupart des Bédouins du Néguev ont acquis leurs titres de propriété aux Ottomans ou aux Britanniques ; des titres qu’Israël ne reconnaît pas. Les bédouins revendiquent la propriété de 64.000 hectares de terres mais leurs demandes n’ont pour l’instant jamais été entendues.

Le projet Prawer-Begin a donc pour but final de régler une bonne fois pour toute ces problèmes de propriété : 13.000 hectares seront reconnus comme appartenant aux bédouins et les autres familles seront dédommagées financièrement. En tout (indemnisations, déplacements, constructions), le plan est estimé à plus de 10 milliards de shekels. En retour, les bédouins doivent abandonner toute revendication territoriale et accepter d’évacuer la majorité des 35 villages non reconnus.

Derrière ce plan, ce cache aussi une volonté de renforcer la présence juive dans le désert du Néguev. Un enjeu que l’ancien premier ministre Ariel Sharon décrivait en ces termes en 2000 : « Dans le Néguev, nous faisons face à un sérieux problème : près de 90 000 hectares de terres du gouvernement ne sont pas entre nos mains, mais dans celles de la population bédouine. Moi-même, comme résident du Néguev, je rencontre ce problème tous les jours. (…) Les Bédouins s’approprient de nouveaux territoires. Ils rongent les réserves de terre du pays, et personne ne fait rien de significatif à ce sujet »

« ronger les réserves », « s’approprier de nouveaux territoires », des termes qui font enrager Thabet Abu Rass qui rappelle que les Bédouins représentent 30% de la population du Néguev et que leurs revendications ne concernent que 5% des terres. A l’inverse, le désert du Néguev s’étend sur 60% de l’Etat d’Israël et seulement 8% des Israéliens y vivent.

Les Bédouins du Néguev : disparition d’un mode de vie ?

Le plan qui doit encore être discuté plusieurs fois au parlement israélien peut-il passer ? Thabet Abu Rass en doute. Selon lui, un tel projet ne ferait qu’envenimer la situation et mènerait à une confrontation sanglante avec les Bédouins. Le parlement devra aussi faire face à l’opposition de droite qui reproche au plan Prawer-Begin de donner trop de terres aux Arabes.

Mais alors que le plan est toujours ne discussion au parlement israélien (et qu’un vote n’est pas prévu avant début 2014), des démolitions ont déjà lieu dans le Néguev et des avis d’expulsion ont été distribués. En août dernier, le village non reconnu d’Al-Arakib au nord de Beer Sheva a été détruit par des bulldozers israéliens pour la 54ème fois depuis 2010. Et une unité spéciale a été créée, Yohav, forte de 250 hommes. « Ces policiers peuvent mener des arrestations et démolir des maisons, explique Thabet Abu Rass, Ils sont policiers, juges et exécutants. On les a vu sur le terrain. Donc le plan Prawer est en marche alors même que le vote au Parlement n’est pas encore fini ».

Que le projet soit voté ou non, Khalil Al-Amour s’inquiète pour la sauvegarde de son mode de vie. Depuis les années 50, la présence bédouine est de plus en plus remise en cause par les différents gouvernements israéliens. Ce qui ne donne pas à Khalil de quoi espérer : « Un jour vous viendrez avec vos petits-enfants ici et vous direz : ‘avant il y avait des Bédouins ici, je les ai rencontrés. Mais ils ont tous disparu’. »

 

Aller plus loin :

La carte du Néguev et des villages non reconnus, publiée sur le site IDMC (Internal displacement monitoring center)

 

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L’occupation militaire, cette grande muette

Soldats israéliens déployés au checkpoint de Qalandia en mars 2011 lors de la Journée de la Terre www.merblanche.com all rights reserved

Aujourd’hui sort en librairie en France, un livre de témoignages. Ceux d’anciens soldats de l’armée israélienne qui ont décidé de dire tout haut ce qu’il se passe réellement dans les Territoires palestiniens occupés.
Des centaines de témoignages qui émanent de toutes les unités, de tous les Territoires (Cisjordanie et Gaza) et de tous les grades : du simple soldat au commandant de brigade en passant par des réservistes.

Le livre intitulé « Le livre noir de l’occupation israélienne » est édité aux éditions Autrement et donne un perçu des 950 histoires collectées par l’association israélienne Breaking the Silence (briser le silence). Une association créée en 2004 par Yehuda Shaul. Cet ancien soldat qui a servi entre mars 2001 et mars 2004, a voulu montrer le vrai visage de l’occupation militaire : ses buts véritables, ses exactions et son inefficacité.

Une démarche compliquée dans un pays (Israël) où le service militaire est obligatoire et dure 2 ans pour les filles, 3 ans pour les garçons. Au mieux, les briseurs de silence sont traités de menteurs, au pire de traîtres à la patrie.

Entretien avec Yehuda Shaul, octobre 2013.

Est-il facile de critiquer l’armée israélienne en Israël aujourd’hui ?

« Au sein de la société israélienne, les forces de défense israéliennes ont un rôle très important. Elles sont très respectées, c’est surement l’une des institutions les plus respectées dans notre pays. Et ce pour plusieurs raisons : par rapport à notre histoire et comment l’armée a défendu notre pays dans le passé. Et c’est ce qui rend la critique difficile. Quand vous parlez des exactions de l’armée, personne ne veut vraiment voir et écouter. »

Les témoignages du livre couvrent une période qui va de 2000 à 2010. Certains soldats ont attendu 10 ans avant de parler…

« Il y a beaucoup de soldats qui ont servi dans les Territoires palestiniens et qui se rendent compte aujourd’hui que ce qui se passe là-bas est mal. Une fois que vous y réfléchissez, que vous êtes à nouveau un civil, vous voyez les choses de manière différente. Vous ne les voyez plus à travers le prisme du cercle militaire. A ce moment-là, beaucoup de soldats, y compris moi, ne peuvent plus cautionner ce qu’ils ont fait. La terminologie militaire qu’on nous a rabâchés n’a d’un coup plus aucun sens. Et ils se mettent à parler ».

Des soldats israéliens lançant des gaz lacrymogènes sur les manifestants palestiniens. Qalandia checkpoint, mars 2011 www.merblanche.com all rights reserved

Des soldats israéliens lançant des gaz lacrymogènes sur les manifestants palestiniens. Qalandia checkpoint, mars 2011
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Vous décrivez dans le livre plusieurs tactiques militaires qui permettent à l’armée de « contrôler » les Palestiniens. Pouvez-vous nous donner un exemple ?

« Tous les jours, les soldats sont envoyés faire ce que l’on appelle dans l’armée « marquer notre présence ». En gros l’idée c’est de dire que si les Palestiniens ont le sentiment que l’armée est partout alors ils auront peur d’attaquer. Donc par exemple à Hébron, vous commencez votre patrouille de nuit dans la vieille ville, vous entrez dans une maison palestinienne… au hasard, vous êtes le sergent vous choisissez la maison.  Vous réveillez la famille, les femmes d’un côté, les hommes de l’autre, vous fouillez la maison puis vous ressortez, vous frappez à des portes, lancez des grenades assourdissantes, vous faites du bruit et vous entrez dans une autre maison. Et voilà comment vous passez vos 8 heures de patrouille. Et c’est comme ça tous les jours, toute l’année, et ça ne s’est pas arrêté une seconde depuis le début de deuxième intifada en 2000. »

L’armée israélienne est appelée « les forces de défense israéliennes ». Le terme « défense » est-il approprié ?

« On a grandi avec l’idée que l’armée israélienne est dans les Territoires palestiniens pour protéger Israël  contre des actes terroristes. Mais quand vous lisez les témoignages, vous comprenez très vite que la partie « défense » de l’armée est très réduite. Ce que nous faisons surtout c’est de l’offensif mais pas seulement contre le terrorisme. L’objectif principal c’est d’empêcher la création d’un Etat palestinien indépendant.

L’occupation israélienne est pensée de telle façon qu’elle ne laisse aucune place pour l’émergence d’une force politique qui pourrait la remplacer, et l’occupation agira militairement contre toute opposition à son contrôle absolu sur les Palestiniens. »

Soldats israéliens déployés au checkpoint de Qalandia en mars 2011 lors de la Journée de la Terre www.merblanche.com all rights reserved

Soldats israéliens déployés au checkpoint de Qalandia en mars 2011 lors de la Journée de la Terre
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Finalement, votre livre dévoile la part sombre de l’occupation israélienne ?

« Non, le livre montre le vrai visage de l’occupation. Et une occupation militaire longue est mauvaise. Le seul moyen de contrôler gens contre leur volonté c’est de leur faire peur. Et une fois qu’ils sont habitués à un certain niveau de peur, vous devez alors leur faire encore plus peur. Encore et encore. Et c’est un puits sans fin. Un puits que l’on creuse depuis déjà plus de 46 ans.

« Je vous donne un exemple. Vous êtes 4 soldats à un checkpoint, il y a une centaine de personne qui attendent pour passer. La seule façon pour vous de vous faire entendre c’est que ces personnes aient peur de vous. Alors vous attrapez la 50e personne dans la queue et vous la frappez. Vous demandez à quelqu’un sa carte d’identité et ce quelqu’un sourit un peu trop alors vous le laissez au soleil pendant 8 heures et il va comprendre qui est le boss. »

Breaking the Silence a été beaucoup critiqué. Et une des critiques qui revient souvent c’est : « les témoignages remontent à plus de 10 ans pendant la 2de Intifada, c’est différent aujourd’hui »…

« Pour beaucoup d’Israéliens, l’occupation fait partie de l’Histoire, du passé. C’était en 1967 après la guerre. Et aujourd’hui c’est le statut quo. Nous disons « non, non, non ! » L’occupation des Territoires palestiniens est une campagne qui se poursuit partout tous les jours. Chaque maison construite dans une colonie en Cisjordanie est une occupation. Toutes les maisons palestiniennes fouillées au milieu de la nuit dans le seul but de persécuter la population est une occupation. Tous les checkpoints volants installés pour bloquer l’accès à un village est une occupation.

Un manifestant arrêté par des soldats israéliens au checkpoint de Qalandia lors d'une manifestation en mars 2011 www.merblanche.com all rights reserved

Un manifestant arrêté par des soldats israéliens au checkpoint de Qalandia lors d’une manifestation en mars 2011
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Les témoignages du livre sont anonymes. Pourquoi ce choix ?

« Les soldats qui sont toujours réservistes et qui viennent témoigner violent le protocole militaire et ils peuvent être envoyés en prison. C’est une des raisons pour laquelle la plupart des témoignages sont anonymes. Et puis la plupart des actions rapportées sont des crimes au regard du droit international et même parfois du droit israélien. Donc les soldats peuvent être poursuivis, c’est pourquoi certains veulent rester anonymes. Et puis il y  aussi la pression de la société, de son unité, de sa famille, de ses amis. »

Effectivement, de nombreuses actions rapportées sont illégales comme l’utilisation de Palestiniens comme boucliers humains, les destructions arbitraires de maisons palestiniennes.

« Dans le livre il y a aussi l’épisode d’une action menée pour venger la mort de 6 soldats israéliens tués près de Ramallah en février 2002. La nuit suivante, 3 bataillons des forces spéciales ont été envoyés à Gaza, Ramallah et Naplouse pour venger leur mort. L’ordre était très clair : « ils ont tués 6 des nôtres, on va tuer 6 des leurs ». La mission était claire : 2 heures du matin, checkpoint palestinien, toutes les personnes qui s’y trouvent seront abattues qu’elles soient en uniforme ou non, armées ou non. Au final, 15 Palestiniens ont été tués. Ce genre d’opération, cette revanche, c’est ce que font les gangs, ce n’est pas ce que doit faire l’armée d’un pays démocratique ».

Certaines personnes en Israël vous accuse d’être un traître à la patrie. C’est comme ça que vous vous voyez ?

« Si j’avais l’impression d’être un traître pour mon pays je ne ferai pas ce que je suis entrain de faire. C’est exactement l’inverse. Je pense que c’est la ligne politique de notre gouvernement aujourd’hui qui est la plus grande traitrise faite à l’Etat d’Israël. Cette ligne politique nous dit ceci… c’est une équation en fait : « le droit d’Israël à exister équivaut au droit d’Israël à occuper les Territoires pour toujours ». En gros, le gouvernement nous dit que c’est un jeu à somme nulle : c’est soit nous, soit les Palestiniens. Et c’est pourquoi de la mer Méditerranée au fleuve du Jourdain il ne peut y avoir qu’une seule souveraineté et cette souveraineté c’est à nous de l’obtenir. Donc les Palestiniens ne seront jamais libre et l’occupation ne s’arrêtera jamais. Et je pense que cet agenda politique est totalement destructeur. C’est cette volonté de prolonger l’occupation qui délégitime l’Etat d’Israel. Si on veut être patriotique, il faut casser cette équation. D’un côté, il y a le droit d’Israel à exister et ce droit est bien différent de celui d’occuper les Palestiniens. Aujourd’hui, rien ne peut justifier une occupation aussi longue. »

 

Témoignage d’une ancienne soldate rencontrée en juillet 2013.

 

« J’ai 30 ans. J’ai servi dans l’armée, dans une unité mixte entre 2003 et 2005. J’étais affectée dans la région de Qalqilya, au nord-ouest de la Cisjordanie. Notre mission se résumais à rester aux checkpoints, et à faire des patrouilles.

« C’était très ennuyeux. On faisait les mêmes choses encore et encore tous les jours. Parfois, on voulait juste un peu d’action. Je me souviens, un jour, on était en patrouille près du mur de séparation près d’un village palestinien. On s’ennuyait à mourir, vraiment. Et d’un coup mon commandant nous dit : « allez, on a qu’à lancer des grenades assourdissantes ! » Pour cela, le commandant a appelé la base et il a menti. Il a dit que des enfants palestiniens nous lançaient des pierres et qu’on devait répliquer. Donc on a pris des grandes assourdissantes et on les a jetés sur les Palestiniens de l’autre côté du mur. L’explosion était énorme. Je me souviens qu’une femme était si effrayée. Moi j’étais très fière car c’était la première fois que je lançais une grenade. Ensuite, on est remonté dans le véhicule et on a continué notre patrouille. Et d’un coup, 5 minutes après, j’ai été envahi de honte. Je voyais cette femme palestinienne qui avait si peur. Et je me suis dit : mais pourquoi j’ai fait ça ? on n’avait pas besoin de faire ça !

« Pendant les patrouilles, vous êtes en contact avec des civils, avec les Palestiniens. Et vous êtes formés pour vous battre contre des terroristes, c’est ce qu’on nous dit. Mais en réalité vous avez à faire avec des personnes innocentes la plupart du temps. Vous ne combattez pas des terroristes ou des criminels. Juste des personnes normales qui veulent travailler et nourrir leurs enfants.

« Une des chose qu’on nous apprend c’est qu’il faut que les Palestiniens aient peur de nous, ils doivent nous craindre. Et je me souviens une fois, je disais à un garçon de reculer mais il n’écoutait pas et j’étais énervée donc j’ai chargé mon arme pour qu’il ait peur. J’ai mis en joue un enfant de 8 ans. Qui n’avait pas d’arme, rien. Juste un âne et une charrette. Et à ce moment-là ça me paraissait normal. C’est seulement 6 ou 7 ans plus tard que je me suis dit qu’il y avait un problème.
« En tant que soldat, vous suivez les règles. C’est rationnel. C’est ce que je dois faire. Vous ne vous dites pas : ce que je fais est mal, cet homme est innocent. Vous ne ressentez rien, vous êtes comme un robot.

« Au bout de 10 ans vous voyez les choses différemment. A l’armée, votre vision est réduite. Mais quand vous finissez le service, vous voyez les choses d’une autre perspective. Je suis allée à l’université, j’ai lu, j’ai rencontré des gens différents. C’est pourquoi j’ai décidé de briser le silence, j’ai fais des choses, j’ai vu des choses. Et je me suis rendue compte que ce j’ai fait à l’armée n’était pas bien.

«  Je vais à l’encontre du système, du gouvernement, de l’armée mais les gens ici, ils sont en plein déni. Pour eux, il n’y a pas d’occupation. Donc ce que je dis n’a aucune importance, ils s’en fichent. »

 

 

 

 

 

 

 

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La petite histoire de Makhoul, village bédouin palestinien en zone C

Le village de bédouins de Makhoul dans la vallée du Jourdain s’est retrouvé sous le feu des projecteurs médiatiques il y a 15 jours. Pas pour son mode de vie particulier (organisé autour de l’élevage de chèvres) ni pour la beauté du site (perdu au milieu du désert de pierres). Non, Makhoul s’est fait connaître suite à l’accrochage qu’il y a eu entre une diplomate française et des soldats israéliens.
C’était le 20 septembre dernier.
Un convoi de diplomates et d’humanitaires se rend à Makhoul pour apporter à la centaine d’habitants de quoi se protéger du soleil (la journée) et du froid (la nuit). Dans le camion, il y a des matelas, des couvertures, des bâches, des ustensiles de cuisine. Car, quelques jours plus tôt, le village a été totalement détruit par l’arme israélienne pour construction illégale.

La suite a été filmée et a fait le tour du Minitel mondial : un convoi humanitaire stoppé par des soldats, une diplomate française qui refuse de désencadre du camion, des esprits qui s’échauffent, la diplomate française tirée hors du camion puis qui gifle un soldat.
Un événement qui provoque un incident diplomatique entre la France et Israël et qui vaut à Marion Castaing de mettre un terme à sa mission en Terre Sainte. Retour en France au mois de décembre.

Le village de Makhoul détruit le 16 septembre 2013 par l'armée israélienne www.merblanche.com all rights reserved

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Mais derrière cet incident diplomatique il y a surtout le sort du village de Makhoul. Un village qui sera (peut-être) bientôt rayé de la carte. Car le 28 août dernier, la Cour suprême israélienne a rejeté une pétition formulée par les habitants de Makhoul contre les avis de démolitions. Et impossible également de reconstruire :  toutes les tentatives depuis le 16 septembre (date des démolitions) ont été stoppées par l’armée israélienne. Ce travailleur humanitaire était sur place lors de l’incident du 20 septembre :

« La 4e convention de Genève dit clairement qu’Israël, en tant que puissance occupante, doit subvenir aux besoins de la population occupée. Et si elle ne peut ou ne veut pas le faire, elle doit faciliter la distribution directe et rapide d’aide humanitaire. Dans ce cas-ci, non seulement Israël a créé le besoin de cette communauté mais il a en plus empêcher par la force, les personnels de l’ONU, des diplomates européennes et internationaux, des travailleurs humanitaires de venir au secours d’une communauté qui en a urgemment besoin. Notamment en termes d’abri et d’eau. Et ce n’est malheureusement pas la première fois. Les personnels humanitaires dans les territoires palestiniens font de plus en plus face à ce genre de problèmes, leurs cargaisons d’aides sont confisquées. Et cela pose vraiment la question de l’avenir de la distribution de l’aide humanitaire dans les Territoires palestiniens ».

Mais finalement qui s’inquiète du droit humanitaire international ?

Pas le gouvernement israélien, en tout cas, qui se retranche derrière sa loi. La loi de l’occupation. Les habitants ont construit sans permis de construire, c’est illégal, donc les constructions doivent être détruites.

Logique implacable.

Mais encore faudrait-il que les Palestiniens qui habitent en zone C, cette zone sous contrôle de l’armée israélienne et qui représente 60% de la Cisjordanie, puissent obtenir ces permis de construire. Charles est le directeur d’une ONG basée à Jérusalem-Est.

« Même pour construire des toilettes en zone C, vous devez demander un permis à l’administration civile israélienne. Et ces permis sont très difficiles à obtenir quand vous êtes Palestinien. En fait, 95% des demandes de permis sont rejetées. Et on parle de permis de construire pour des infrastructures de base comme des latrines, pour creuser un puits, installer une citerne ou construire une école. Toutes ces structures nécessitent des permis mais dans les faits, ils ne sont jamais accordés ».

Une habitante du village de Makhoul www.merblanche.com all rights reserved

Une habitante du village de Makhoul
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Voilà donc pourquoi, il y a 40 ans, ces familles de Jénine se sont installées à Makhoul sans permis. Aujourd’hui, il y une petite centaine de personnes, dont une vingtaine d’enfants. Cette femme habite à Makhoul depuis le début.

« C’est la première fois qu’on fait face à des démolitions. En 40 ans ici ! Je ne comprends pas pourquoi on s’en prend à nous aujourd’hui. On ne sait pas quoi faire…  On n’a plus de maisons, plus d’abri pour les animaux. Depuis mi-septembre, on dort dehors. Nous les adultes, on s’adapte mais les enfants ?? Et avec l’hiver qui arrive et ne sait vraiment pas ce qu’on va faire. Mais moi je ne bouge pas ! ils peuvent venir détruire autant qu’ils veulent, je reste ici. »

Les habitants se réunissent à l'ombre de cet arbre pendant les heures chaudes de la journée www.merblanche.com all rights reserved

Les habitants se réunissent à l’ombre de cet arbre pendant les heures chaudes de la journée
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Pour les soutenir, on remarque la présence discrète des hommes de l’Autorité palestinienne, qui n’ont pas juridiction en zone C.  Ahmed Al Asaad est le vice-gouverneur de Tubas, dans le nord de la Cisjordanie.

« Le gouvernorat de Tubas s’étale sur 400km2, et 70% est sous contrôle israélien. Les Israéliens veulent évacuer cette terre de tous les Palestiniens. C’est clair. Mais nous voulons rester et nous resterons. On se bat, on résiste.
Makhoul n’est que la petite histoire dans la grande. Les Israéliens nous pressurisent pour qu’on quitte nos terres. La situation en général est très mauvaise. Mais on reste déterminé. Où voulez-vous qu’on aille ? En enfer ?
Bien sûr, en tant qu’Autorité palestinienne nous ne pouvons pas faire grand chose en zone C. Mais on vient ici pour soutenir les habitants. C’est symbolique! Nous ne pouvons pas utiliser la force mais nous sommes déterminés et c’est important »

La « grande histoire » dont parle Ahmed Al-Assad c’est celle de la situation des Palestiniens qui vivent dans la Vallée du Jourdain. Selon les Nations Unies, ils étaient entre 200.000 et 320.000 avant 1967. Mais face aux restrictions et aux démolitions imposées par Israël en zone C, ils ne sont plus que 56 000 aujourd’hui.
Le nombre de colons israéliens en zone C, lui, est passé de 1.200 à 310.000.

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Aujourd’hui, moins de 1% de la zone C est réservée pour le développement de la population palestinienne. Et selon l’association israélienne B’Tselem, 315 maisons ou abris ou été démolis par Israël entre 2006 et avril 2013 dans la Vallée du Jourdain. A cela s’ajoute, des conditions de vie rudimentaires. Les communautés de la Vallée du Jourdain n’ont le plus souvent pas accès à l’eau. Elles récupèrent l’eau de pluie ou l’achètent à des sociétés privées à des prix très élevés.
Résultat, ces communautés ont à disposition environ 20 litres d’eau par jour et par personne, loin des recommandations de l’OMS à 100 litres par jour et par personne.

Pour en revenir au sort des habitants de Makhoul. Human Rights Watch rappelle que le transfert forcé des populations dans un territoire occupé est un crime au regard du droit international.

 

 

Publié dans israel, palestine | Marqué avec , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur La petite histoire de Makhoul, village bédouin palestinien en zone C

La Jordanie, hôpital pour blessés de la rébellion syrienne

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Il en existe des dizaines de ce type en Jordanie. Des sortes d’hôpitaux clandestins et d’appartements de convalescence pour blessés de l’Armée syrienne libre. Dans cet immeuble du centre-ville d’Irbid, 16 appartements servent aujourd’hui de lieu de convalescence pour 35 blessés (la majorité sont des rebelles).

There are dozens of these in Jordan : kinds of underground hospitals and recovering apartments for the wounded of the Free Syrian Army.
In this building in downtown Irbid, 16 apartments welcome 35 men, recovering from their injuries. Most of them are Syrian rebels.

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L’homme qui dirige cet hôpital est Syrien, de Deraa. Comme les 5 médecins et les 6 infirmières, il est bénévole. “Nous recevons des dons de la diaspora syrienne à l’étranger et de certains pays du Golfe”.

On n’en saura pas plus.

The manager of this hospital is a Syrian, from Deraa. As for the 5 doctors and 6 nurses, he is a volunteer. “We receive donations from the Syrian diaspora abroad and from some of the Gulf countries”.

We won’t get to know more.

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A en croire ce directeur, que nous appellerons Jaffar, environ 300 combattants blessés de l’Armée syrienne libre entrent tous les mois en Jordanie. “Quand les blessés arrivent à la frontière, il y a des docteurs qui les attendent et ils sont transportés dans la ville de Ramtha où ils reçoivent les premières soins. Ensuite, ils sont envoyés vers d’autres hôpitaux à Amman et à Irbid”.
Jaffar, lui, s’occupe de remettre les combattants sur pied. Il les garde “une semaine, un mois, plusieurs mois. Ça dépend de leur état de santé”.

According to the manager, who we will call Jaffar, about 300 wounded fighters of the Free Syrian Army arrive every month in Jordan. “When the wounded arrive at the border, doctors are waiting for them and they are transported to the city of Ramtha, where they receive first aid. Then they are transfered to other hospitals in Amman and Irbid.”
Then Jaffar takes care of the fighters, to make them back on their feet. He keeps them “one week, one month, several months. It depends on their health condition.”

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Combattant de l'ASL blessé à la main par une roquette www.merblanche.com all rights reserved

Combattant de l’ASL blessé à la main par une roquette
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Après leur séjour dans l’immeuble de convalescence de Jaffar, les combattants qui peuvent à nouveau marcher et porter des armes repartent se battre en Syrie aux côtés des rebelles. La plupart sont de Deraa au sud. Certains de la banlieue de Damas. Tous ont été blessés dans des bombardements ou par des tirs de snipers. Beaucoup ont perdu un membre ou l’usage de leurs jambes.

After their stay in Jaffar’s recovering building, the fighters who can walk again and carry weapons go back to fight in Syria alongside the rebels. Most of them are from Deraa, South of Syria. And some are from of the suburbs of Damascus. All were injured in shellings or by snipers. Many have lost a limb or the use of their legs.

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Ce jeune homme a 17 ans. Avant d’arriver ici, c’était un sniper de l’Armée syrienne libre. “Mais je me suis fait avoir par un sniper du régime”. Touché au dos, il espère bientôt retrouver l’usage de ses jambes pour repasser en Syrie et reprendre sa Kalachnikov.

This young man is 17 years old. Before he came here, he was a sniper in the Free Syrian Army. “But I got screwed by a sniper of the regime.” Hit in the back, he now awaits to feel his legs again in order to go back to Syria and hold his Kalashnikov again

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Dans la chambre à côté, Ahmed envoie des textos. Il montre fièrement sa prothèse qui remplace son mollet et son pied droits. Il dit avoir été blessé en détention : “J’avais été arrêté par le régime et placé en prison avec 34 autres personnes. Là-bas, j’ai reçu une balle dans la jambe mais personne ne m’a soigné. Et la blessure s’est infectée”. Quand l’Armée syrienne libre est venu les libérer, Ahmed a fui et est passé en Jordanie. Il a alors été transféré dans le camp de Zaatari où les médecins ont décidé de l’amputer.

In the room next door, Ahmed is texting. He proudly shows his prosthesis that replaces his right calf and foot. He said he was injured in detention: “I was arrested by the regime and sent to prison with 34 other people. There, I got shot in the leg but nobody took care of me so the injury got infected.” When the Free Syrian Army came to release them, Ahmed fled to Jordan. Here, he was transferred to Zaatari camp where doctors decided to amputate.

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Cet ancien journaliste a reçu une balle dans le dos. Depuis, ses jambes ne réagissent plus. Toute la journée, allongé, il regarde les photos de son pays, la Syrie, sur internet. Il montre une image prise au tout début de la révolution à Deraa. On y voit des jeunes manifester. “On a commencé sans arme. Mais le monde n’a rien fait, il n’a fait que nous regarder, sans rien dire à Assad. Alors, à un moment on a été obligé de prendre les armes pour se défendre. Mais nous ne sommes pas des terroristes. On veut juste que notre gouvernement nous traite comme des êtres humains. Pas comme des animaux”.

This former journalist was shot in the back. Since then, his legs no longer respond. All day, lying in his bed, he looks at photos on the internet taken in his country, Syria. He shows us an image taken at the beginning of the revolution in Deraa. We see young men demonstrating. We started without weapon. But the world did nothing, he just looks at us without telling anything to Assad. So at one point we were forced to use weapons to defend ourselves. We are not terrorists. We just want our government to treat us as human beings. Not as animals.

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Tous gardent le sourire et l’énergie. Cet appartement, c’est juste une parenthèse dans le conflit qui les oppose au régime de Bachar Al Assad. Dès qu’ils se sentiront mieux, ils repasseront la frontière et iront rejoindre les rangs de l’Armée syrienne libre.

All of them keep smiling and are full of energy. This apartment is just a pause for them in the conflict that opposes the regime of Bashar Al Assad to the FSA. Once they feel better, they will pass the border again and will join the ranks of the Free Syrian Army.

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