Obama en Terre Sainte, quoi de neuf ?

Les hélicoptères américains se posent à la Moqataa, Ramallah, 21 mars 2013 www.merblanche.com all rights reserved

Les hélicoptères américains se posent à la Moqataa, Ramallah, 21 mars 2013
www.merblanche.com all rights reserved

Voilà, Barack Obama, son escorte, ses forces spéciales et ses hélicoptères sont repartis après 3 jours passés en Israël et Palestine. 3 jours de rencontres, de visites, de poignées de main, de tapes sur l’épaule et de fausses moustaches.
3 jours à nous répéter que le président américain ne venait pas pour relancer le processus de paix mais pour écouter. 3 jours aussi à répéter jusqu’à plus soif le mot « paix ».

« La paix est possible »

« Nous devons travailler à la paix

« Nous ne considérons pas la poursuite de la colonisation comme constructive, adéquate, ou de nature à faire avancer la cause de la paix”

« Je voudrais donc mettre l’accent sur la façon dont nous pouvons travailler ensemble pour réaliser des progrès dans trois domaines qui définissent notre époque : la sécurité, la paix et la prospérité. »

« la paix est de loin préférable à la guerre »

« Je suis donc persuadé que le peuple israélien veut la paix »

« Je sais aussi que tout le monde, dans cette salle, ne sera pas d’accord avec ce que j’ai à dire au sujet de la paix. »

« la paix est nécessaire »

« Envisagez un avenir dans lequel les juifs, les musulmans et les chrétiens pourraient tous vivre dans la paix et la prospérité sur cette Terre Sainte »

(extraits des discours prononcés à Ramallah et à Jérusalem le 21 mars 2013)

Enfin, voilà vous avez compris l’idée.

On a ensuite parlé du plaidoyer d’Obama pour la paix. Mais quel chef d’Etat en exercice en visite en Terre Sainte n’a pas fait son plaidoyer pour la paix ? A-t-on déjà vu un chef d’Etat venir ici et plaider pour la guerre ?

A Ramallah, en tout cas, les bons mots d’Obama n’ont pas vraiment convaincu. La population n’attendait rien de la visite du président américain et son départ n’a pas suscité plus d’espoirs que son arrivée.

Les Palestiniens reprochent à Barack Obama de n’avoir rien fait pour les Palestiniens en 4 ans de mandat et d’avoir soutenu politiquement et financièrement Israel. D’ailleurs, avant et pendant sa visite, plusieurs manifestations ont été organisées à Ramallah pour protester contre sa venue et tous les portraits à son effigie ont été arrachés ou vandalisés. Un artiste a, lui, préféré en rire. (photo ci-dessous).

www.merblanche.com all rights reserved

www.merblanche.com all rights reserved

Même ambiance à l’intérieur de la Moqataa où les officiels palestiniens  se sont montrés bien moins chaleureux que leurs homologues israéliens. Surtout que la visite américaine commençait mal. A sa descente d’avion, Barack Obama entouré des président et premier ministre israéliens fait une déclaration dans laquelle il n’est question à aucun moment des Palestiniens ou des territoires occupés. Un affront de plus pour les Palestiniens et leurs dirigeants. Dans les couloirs de l’OLP, un membre enrage : « pas question de commenter ce discours honteux ! ».

Voilà, pour le (mauvais) départ.

24 heures après, le président américain prend la direction de Ramallah en hélicoptère. Le centre-ville est bouclé. A quelques mètres, sur la place de la Manara des dizaines de Palestiniens manifestent leur colère. Des sons qui n’atteignent pas le palais présidentiel dans lequel Barack Obama et Mahmoud Abbas s’entretiennent. Une réunion et un déjeuner à huis clos avant une conférence de presse commune.

ObamaManif

Manifestation anti-Obama, Ramallah, mars 2013
www.merbanche.com all rights reserved

Le président américain répète que les Palestiniens méritent d’avoir un Etat à eux et que cela passe pas des négociations directes avec Israel (sans pour autant spécifier les frontières ou la capitale de cet Etat palestinien). Barack Obama sait aussi que le chemin vers la paix sera « long, compliqué et difficile » mais « nous ne devons pas abandonner, nous le devons aux jeunes palestiniens et israéliens ».
Une conférence d’une demi-heure au terme de la quelle Barack Obama est ensuite allé assister à une démonstration de Dabke (danse traditionnelle palestinienne) dans un centre pour la jeunesse à Al Bireh entouré d’enfants d’une dizaine d’années et assis sur une chaise en plastique sur laquelle était collée une feuille blanche avec les mots : « Mr President ».

Et puis, Barack Obama a redécollé vers Jérusalem (après moins de 5 heures à Ramallah) pour un grand discours devant la jeunesse israélienne. Et c’est à ce moment-là que le président américain a eu des mots intéressants pour les Palestiniens :
“Vous devez créer le changement que vous souhaitez voir. Mettez-vous à la place des Palestiniens. Regardez le monde à travers leurs yeux. Il n’est pas juste qu’une enfant palestinienne ne puisse pas grandir dans un Etat lui appartenant, et qu’elle vive en présence d’une armée étrangère contrôlant chaque jour les mouvements de ses parents.”

Le lendemain, le président américain était attendu à Bethléem pour visiter la Basilique de la Nativité. Une visite qui devait durer moins de 26 minutes. Finalement, elle a duré 14 minutes en raison de la tempête de sable qui a chamboulé le programme et obligé Barack Obama à venir en voiture et non en hélicoptère. Le président américain a donc du passer le checkpoint et passer le mur de séparation. Ce qui a fait beaucoup rire les Palestiniens.

Le président américain a ensuite visité au pas de course la Basilique de la Nativité, lieu supposé de naissance du Christ selon les Evangiles, et premier site palestinien inscrit au patrimoine mondiale de l’UNESCO, une organisation des Nations unies à laquelle la Palestine a adhéré en octobre 2011. Ce qui avait provoqué la colère des Américains qui ont suspendu depuis leur financement à l’UNESCO : 70 millions de dollars par an, soit 22% du budget annuel à l’organisation.

ENGLISH VERSION :

So, Barack Obama, his team, his special forces and helicopters left the Holy Land after 3 days spent in Israel and Palestine. 3 days of meetings, visits, handshakes, pats on the shoulder and fake mustaches .
3 days to tell us that the President did not come to revive the peace process but to listen. 3 days also to repeat and repeat again the word “peace.”

“Peace is Possible”
“We must work for peace

“We do not consider the continued colonization as constructive, appropriate, or likely to advance the cause of peace”
“I would like to focus on how we can work together to achieve progress in three areas that define our era: security, peace and prosperity.

“Peace is far preferable to war”
“I am convinced that the Israeli people want peace”
“I also know that everyone in this room will not agree with what I have to say about peace”
“Peace is necessary”
“Consider a future in which Jews, Muslims and Christians could all live in peace and prosperity in the Holy Land”

(Excerpts from speeches in Ramallah and Jerusalem March 21, 2013)

I think you get the idea.

Then, Obama advocated for peace. But is there any head of state who visited the Holy Land and did not talk about peace? Has anyone ever seen a head of state come here and advocate for war?
Anyway, in Ramallah, Obama’s words did not really convinced. People expected nothing of the visit of U.S. President and his departure has not attracted more hopes that his arrival.
Palestinians blame Obama for not having done anything for the Palestinians within his four years in office and for having supported Israel politically and financially. Moreover, before and during his visit, several demos were held in Ramallah to protest against his visit and all his portraits were stripped or vandalized.

Same atmosphere inside the Moqataa where Palestinian officials showed a much less warm welcome than their Israeli counterparts. Especially as American visit started badly. Outside his aircraft, Barack Obama, surrounded by Israelis President and Prime Minister, made a statement in which there was no mention at all of Palestinians or the occupied territories. An affront to the Palestinians and their leaders. At the PLO, a member enrage : “we won’t comment on this shameful speech! “.

Here, for the (bad) start.

24 hours later, U.S. President took the direction of Ramallah by helicopter. The city center was closed. A few meters away, on Manara Square dozens of Palestinians expressed their anger. Sounds that did not reach the presidential compound where Barack Obama and Mahmoud Abbas xere discussing. A meeting and lunch behind closed doors before a joint press conference.

U.S. President reiterated that the Palestinians deserve a state of their own and in order to achieve this goal, Israelis and Palestinians have to go back to direct negociations (without specifying borders or the capital of this Palestinian state). Obama also said that the path to peace would be “long, complicated and difficult” but “we can’t give up, we owe it to the Palestinian and Israeli youth.”
A conference of half an hour, after which Barack Obama went to see a show of Dabkeh (traditional Palestinian dance) in a youth center in Al Bireh, surrounded by children and sitting on a plastic chair on which was pasted a white sheet with the words: “Mr President”.

And Barack Obama took off to Jerusalem (after less than five hours in Ramallah) for a great speech to the Israeli youth. And this is when the U.S. president made an interesting speech about Palestinians :
“But the Palestinian people’s right to self-determination and justice must also be recognized. Put yourself in their shoes – look at the world through their eyes. It is not fair that a Palestinian child cannot grow up in a state of her own, and lives with the presence of a foreign army that controls the movements of her parents every single day. It is not just when settler violence against Palestinians goes unpunished. It is not right to prevent Palestinians from farming their lands; to restrict a student’s ability to move around the West Bank; or to displace Palestinian families from their home. Neither occupation nor expulsion is the answer. Just as Israelis built a state in their homeland, Palestinians have a right to be a free people in their own land.”

The next day, the U.S. president was expected to go to Bethlehem to visit the Nativity Church. A visit that was supposed to last less than 26 minutes. Finally, it lasted 14 minutes because of the sandstorm that had torn up the program and forced Obama to come by car and not by helicopter. The U.S. president has the pass through the checkpoint and the separation wall. This made Palestinians laugh.

U.S. President then visited on the run the Nativity Church, the first Palestinian site listed as a World Heritage at the UNESCO. A UN organization that Palestine joined on October 2011. This angered Americans who have suspended, since then, their funding to the UNESCO: $ 70 million per year, 22% of the annual budget of the organization.

Publié dans israel, palestine, politique | Marqué avec , , , , , , , , , , , | 7 commentaires

Combien de temps avant un nouveau soulèvement ?

Ces derniers jours, des affrontements ont éclaté entre Palestiniens et armée israélienne dans plusieurs villes de Cisjordanie : Ramallah, Hébron, Bethléem, Jénine, Naplouse, Jayyous, Bet Ommar, Tulkarem.

ofer

Affrontements à Ofer près de Ramallah le 24 février 2013.
www.merblanche.com all rights reserved

Des affrontements en marge de manifestations en soutien aux 4800 prisonniers palestiniens détenus en Israel et notamment à 4 d’entre eux en grève de la faim depuis plusieurs semaines. Puis, il y a eu la mort d’Arafat Jaradat en détention samedi dernier. Les conclusions divergent quant aux raisons de sa mort. L’Autorité palestinienne affirme qu’il est mort après avoir été torturé pendant son interrogatoire par les services de sécurité intérieur israéliens. Israël dément formellement.

Dans la rue, les manifestants crient « vengeance ». Dans les bureaux, le gouvernement israélien demande à l’Autorité palestinienne de maintenir le calme. Mahmoud Abbas, lui, accuse Israel de semer le chaos.

Que peut vraiment faire l’Autorité palestinienne ? Le leadership est englué dans une grave crise financière et politique. Les caisses sont vides, les fonctionnaires payés au compte-goutte et les accusations de collaboration avec Israel se multiplient.

Combien de temps avant que les jeunes policiers palestiniens, à qui on demande de s’interposer entre manifestants et forces israéliennes, arrêtent d’obéir aux ordres ? Combien de temps avant que ces jeunes policiers palestiniens non payés et accusés de traitrise par la population décident de rendre l’uniforme ?

La police palestinienne s'interpose entre l'armée israélienne et les manifestants. Hébron, 22 février 2013 www.merblanche.com allrights reserved

La police palestinienne s’interpose entre l’armée israélienne et les manifestants. Hébron, 22 février 2013
www.merblanche.com all rights reserved

Israel ordonne le transfert de 100 millions de dollars à l’Autorité palestinienne pour tenter de reprendre la main. Mais l’argent suffira-t-il à calmer les tensions ?
Ce matin, on annonce le tir d’une roquette depuis Gaza sur le sud d’Israel.
En Cisjordanie, la presse palestinienne rapporte qu’un des jeunes sérieusement blessé hier à Bethléem est en état de mort cérébrale.
La branche armée du Fatah, les brigades des martyrs Al Aqsa ont promis de venger la mort d’Arafat Jaradat.
A Gaza, un membre du Hamas appelle à l’enlèvement de soldats israéliens.
De la colère, de la haine, des appels à la vengeance. Des services de sécurité palestiniens débordés, une crise économique, du chômage, l’absence de processus de paix et de perspectives. Des blessés, des morts. Des groupes armés qui refont parler d’eux.
Et la presse israélienne qui assure que tous les ingrédients sont réunis pour une 3e Intifada.

Combien de temps cette pièce de théâtre bancale va-t-elle tenir ?

 

Publié dans palestine | Commentaires fermés sur Combien de temps avant un nouveau soulèvement ?

“5 caméras brisées” ou la résistance palestinienne aux Oscars

Ce mercredi 20 février 2013 sort en France le documentaire palestinien « 5 broken cameras » (« 5 caméras brisées »). Documentaire sélectionné pour les  Oscars dans la catégorie meilleur documentaire et qui relate l’histoire de la résistance du village de Bil’in en Cisjordanie contre l’occupation israélienne.

La mosquée de Bil'in, là ou partent toutes manifestations contre le mur de séparation www.merblanche.com all rights reserved

La mosquée de Bil’in, là d’où partent toutes manifestations contre le mur de séparation
www.merblanche.com all rights reserved

« 5 caméras brisées » c’est l’histoire d’un homme, Emad Burnat et de son village Bi’lin. Tout commence en 2005. Emad, un père de famille palestinien, achète une caméra pour la naissance de son fils Gibreel. Une naissance qui coincide avec le début de la résistance du village contre l’occupation israélienne. Kefar, un des habitants, explique : « Les Israéliens ont commencé à confisquer des terres ici dans les années 80. En 1990, ils ont commencé à construire une colonie, puis une autre en 2003. Et puis en 2004, ils ont commencé à déraciner des oliviers pour construire le mur. Et là les habitants de Bilin ont tenté d’arrêter les bulldozers pour garder leurs terres. C’est à ce moment-là que notre combat a commencé contre le mur et la colonisation israélienne. »

Emad se met alors à tout filmer : les constructions des colonies, les altercations avec les colons, la construction du mur. Les habitants organisent aussi tous les vendredis des manifestations contre le mur de séparation. « L’histoire de mon village c’est aussi mon histoire ! explique Emad Burnat dans son jardin entouré d’oliviers, C’est l’histoire de la résistance non violente contre la construction du mur, contre le fait que 55% des terres de Bilin ont été confisquées par israel. Et mon but c’est de toucher un public extérieur, de lui montrer la situation et nos vies ici. Montrer la réalité et la vérité de ce que nous vivons”.

Emad Burnat et sa femme dans leur jardin de Bilin - février 2013 www.merblanche.com all rights reserved

Emad Burnat et sa femme dans leur jardin de Bilin – février 2013
www.merblanche.com all rights reserved

Une réalité sans fard, brute. Emad filme toutes les manifestations des plus calmes au plus violentes. Toutes les semaines, le même scénario se répète : les habitants marchent jusqu’au mur, ils sont stoppés par des soldats israéliens. Puis, la scène dégénère. Jets de pierre d’un côté, tirs de gaz lacrymogènes de l’autre. Mais parfois, les affrontements sont beaucoup plus violents et il arrive que l’armée tire sur les manifestants avec des balles en caoutchouc ou à balles réelles.

5 ans de tournage, 5 caméras

« 5 caméras brisées » c’est le nombre de caméras qu’Emad a perdu pendant ses 5 années de tournage. Toutes détruites pendant ces manifestations du vendredi ou lors d’altercation avec des colons. L’une d’entre elle par exemple a été pulvérisée par une balle en caoutchouc tirée par un soldat israélien. Emad a lui aussi passé des moments difficiles : «  J’ai été blessé plusieurs fois, mes caméras ont été détruites plusieurs fois, par des tirs, par des cartouches de gaz lacrymogènes et j’ai été arrêté 2 fois. J’ai été éloigné de ma famille, de mes enfants. J’ai été assigné à résidence et je n’avais même pas le droit de venir dans le village. J’ai aussi été frappé par des soldats israéliens, j’ai la cicatrice, là, au coin de l’œil. Vous savez, j‘ai frôlé la mort à plusieurs reprises. »

Les 5 caméras brisées d'Emad Burnat www.merblanche.com all rights reserved

Les 5 caméras brisées d’Emad Burnat
www.merblanche.com all rights reserved

Une des scènes les plus marquantes du film quand le père d’Emad tente de s’interposer à l’arrestation d’un autre de ses fils.

En 7 ans de combat contre le mur, Bil’in a perdu 2 de ces habitants, tués lors des manifestations du vendredi. Mais Bil’in a aussi réussi quelque chose qu’aucun autre village palestinien n’a pour l’instant réussi : il a fait reculer le mur de séparation. En 2007, le tracé du mur a été changé, sur ordre de la Cour suprême israélienne. Une petite victoire pour Bil’in qui  aujourd’hui encore vit au son des bulldozers qui construisent les colonies israéliennes voisines, comme le fait remarquer Samer Burnat, le frère du réalisateur : « On s’est battu pendant 5 ans pour regagner un peu de terre et faire reculer le mur. On a récupéré, disons, 100 hectares de nos terres. Mais le mur ici et la colonie juste de l’autre côté, sont battis sur les terres de Bil’in. Donc on continuera à se battre jusqu’à ce que toutes les terres de Bil’in soit rendues ».
Les habitants continuent donc, inlassablement, de manifester tous les semaines après la grande prière du vendredi.

Les oliviers de Bil'in, le mur et l'extension de la colonie de Modi'in Illit www.merblanche.com all rights reserved

Les oliviers de Bil’in, le mur et l’extension de la colonie de Modi’in Illit
www.merblanche.com all rights reserved

Une nouvelle dimension.

Mais aujourd’hui, avec le documentaire d’Emad Burnat, la résistance du village de Bil’in sort des frontière et s’expose aux regards extérieurs. L’image de l’armée israélienne y est écornée, la réalité de l’occupation exposée au grand jour. En quelque sorte, « 5 caméras brisées » est une piqure de rappel pour les Israéliens qui vivent parfois loin de la réalité de l’occupation. C’est en tout cas l’avis d’un chroniqueur du journal israélien Maariv : « Tout Israélien qui suit l’actualité, connaît le nom de Bil’in et sait qu’il y a là-bas une bataille contre le mur. Mais sait-il que le mur est construit sur des terres palestiniennes ? A t-il conscience de la force disproportionnée utilisée par l’armée ? Tout ça sont des nuances qui vont dépendre des orientations politiques de chacun. Mais je pense que le combat de Bil’in a totalement réussi à maintenir la question palestinienne sur l’agenda israélien. Et quand on pense à ce tout petit groupe de personnes qui a commencé ce combat et l’a fait vivre, le succès est encore plus grand, car l’Autorité palestinienne n’a pas fait mieux que ce que les habitants de Bilin ont réussi ».
Quelque ce soit l’issue de la cérémonie des oscars dimanche soir aux Etats-Unis, la question palestinienne est plus que jamais sous les projecteurs.

bilin_affiche

Pour aller plus loin :
La projection du film à de jeunes israéliens :

Reportage à Bilin sur France info

Publié dans israel, palestine | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur “5 caméras brisées” ou la résistance palestinienne aux Oscars

Mais que veut donc Yaïr Lapid ?

photo credit: AP/Oded Balilty

photo credit: AP/Oded Balilty

Pour les personnes vivant en Israël et possédant un poste de télé, Yaïr Lapid est LA star. Celle qui a monopolisé le petit écran tous les vendredi soirs pendant plusieurs années. Jusqu’à l’année dernière, quand il a décidé de tout plaquer pour entrer en politique.
Et contre toute attente, son parti de centre-droit (de centre-gauche pour les médias israéliens) Yesh Atid, est arrivé en deuxième position lors des élections législatives israéliennes du 22 janvier dernier.

Avec 19 députés dans la nouvelle Knesset (et bientôt plusieurs ministres), Yesh Atid a le poids pour imposer ses idées politiques, qu’on dit « ouvertes ». On a aussi beaucoup entendu dire que Yaïr Lapid était une bonne nouvelle pour le processus de paix et les Palestiniens.

Qu’en est-il réellement ?

Yaïr Lapid se dit ouvert au dialogue avec les Palestiniens.

L’ancien présentateur vedette est clair : il faut relancer les négociations avec les Palestiniens. Il reproche même au premier ministre sortant, Benyamin Netanyahu de n’avoir rien fait en ce sens :

“I think if the prime minister really wanted to negotiate … then he would have. I think this is part of what I’m going to do, make the government do this because it’s so important in my mind”

“Je pense que si le premier ministre avait vraiment voulu négocier, alors il l’aurait fait. Et c’est en partie ce que j’essaierai de faire, amener le gouvernement à négocier parce que c’est très important pour moi.”

En revanche, Yaïr Lapid a déjà fixer des lignes rouges : il a notamment déclaré être contre le droit au retour des réfugiés palestiniens en Israël et contre toute négociation avec le Hamas.

Pour lancer sa campagne, Yaïr Lapid a fait un discours à l’université d’Ariel, une des plus importantes colonies israéliennes en Cisjordanie.

Yaïr Lapid est pour une solution à deux Etats.

Il l’a dit à plusieurs reprises : il n’est pas opposé à un Etat palestinien qui vivrait aux côtés de celui d’Israël. Mais, selon lui, cela ne sera possible que si les Palestiniens renoncent à réclamer Jérusalem-Est, comme capitale de leur Etat.
Dans un discours donné dans la colonie d’Ariel près de Naplouse, Yaïr Lapid a été clair :

 “Jerusalem will remain under Israeli sovereignty and will not be divided”

“Jerusalem restera sous souveraineté israélienne et ne sera pas divisée”

Par cette phrase, Yaïr Lapid remet en cause plus de 60 ans de résolution onusienne sur le statut de Jérsualem. Ville internationale à double souveraineté (arabe et juive). Il s’assoit aussi sur les Accords d’Oslo qui prévoyaient une négociation du statut de Jérusalem.

Et pour convaincre les Palestiniens, Yaïr Lapid prend en exemple Mahmoud Abbas et son interview sur une chaine israélienne il y a quelques semaines. Le chef de l’Autorité palestinienne déclarait alors renoncer à son droit au retour dans sa ville de Safed, aujourd’hui en Israël.

“Abu Mazen gave up the right of return because the Palestinians realized that there is a definite consensus among the Israeli public on this issue, so they’re moving on to the next topic. The same thing needs to happen with regard to Jerusalem.We cannot blink on this issue. When it comes to Jerusalem, there are no compromises. If the Palestinians realize they won’t have a state unless they give up on Jerusalem, they’ll back down from that demand as well.”

“Abu Mazen a abandonné la question du droit au retour parce que les Palestiniens ont réalisé qu’il y avait un consensus au sein du public israélien sur cette question, donc ils sont passés à autre chose. La même chose doit se produire avec Jérusalem. Nous ne pouvons pas hésiter sur cette question. Quand on parle de Jérsualem. Il n’y a pas de compromis possible. Si les Palestiniens réalisent qu’ils n’auront pas d’Etat tant qu’ils n’abandonneront pas Jérusalem, alors ils feront marche arrière sur cette demande aussi.”

Yaïr Lapid serait pour un désengagement unilatéral de Cisjordanie.

Le leader de Yesh Atid mesure. Un désengagement, oui. Mais pas de partout. Les principaux blocs de colonies – Ariel, Maale Adumim et Gush Etzion – ne sont pas concernés par ce retrait et resteront en Israël. Cela représente 113 000 colons israéliens, sur les 340 000 installés en Cisjordanie.

“Every sane person knows how it will end up: The Palestinians will get a country and the settlement blocks will remain a part of Israel”

“Toute personne saine d’esprit sait comment cela va finir : les Palestiniens auront un Etat et les blocs de colonies resteront en Israël”

Yaïr Lapid ajoute que, pendant les négociations, aucune nouvelle colonie ne sera construite mais qu’aucun obstacle ne pourra être mis à l’augmentation naturelle du nombre de résidents dans les colonies existantes.

Yaïr Lapid est pour un « divorce » avec les Palestiniens.

YaÏr Lapid ne veut pas juste rouvrir le dialogue avec les Palestiniens, il veut surtout se débarrasser du problème. C’est du moins ce qu’il laissait entendre dans son discours à Ariel :

“You don’t come to negotiations only with an olive branch, the way the left does, or only with a gun, the way the right does. You come to find a solution. We’re not looking for a happy marriage with the Palestinians, but for a divorce agreement we can live with”

“Vous ne venez pas à la table des négociations seulement avec une branche d’oliviers, comme le fait la gauche, ou seulement avec une arme, comme le fait la droite. Vous venez chercher une solution. Nous ne cherchons pas un mariage heureux avec les Palestiniens, mais un divorce sur lequel on peut s’entendre”

Le leader de Yesh Atid précise alors sa pensée :

“Israel must at last get rid of the Palestinians and put a fence between us. There will be no ‘new Middle East,’ but at least there won’t be three million Palestinians in Israeli territory.”

“Israel doit déjà se débarrasser des Palestiniens et construire un grillage entre nous. Il n’y aura pas de « nouveau Moyen-Orient », mais au moins il n’y aura pas 3 millions de Palestiniens sur le territoire israélien.”

 

Nb : Toutes les citations sont tirées du discours d’Ariel en octobre et d’une interview accordée à Times of Israel en janvier.

Publié dans israel, palestine, politique | Marqué avec , , , , , , , , , , , , , , , | Commentaires fermés sur Mais que veut donc Yaïr Lapid ?

Pas de vacances pour les colonies

La colonie de Maale Adumim, une des plus importantes de Cisjordanie.www.merblanche.com al rights reserved

La colonie de Maale Adumim, une des plus importantes de Cisjordanie.
www.merblanche.com al rights reserved

Depuis l’accession de la Palestine au statut d’Etat observateur non membre aux Nations Unies, Israel multiplie les mesures de rétorsion. En quelques jours, le gouvernement israélien a donné son feu vert à la construction de plusieurs milliers de nouveaux logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Selon les sources, les chiffres varient entre 4000 et 6500 logements.

L’ONU demande à Israel de renoncer à ces projets, rappelant l’illégalité des colonies.

Depuis 1967, Israel a construit plus de 150 colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est (sans compter les postes avancés). Toutes sont considérées comme illégales au regard du droit international. Elles contreviennent en fait à l’article 49 de la 4e Convention de Genève qui interdit à une puissance occupante de transférer sa population vers le territoire occupé. En l’occurrence, de transférer des citoyens israéliens vers les territoires palestiniens.

Pourtant, aujourd’hui, plus de 520 000 colons vivent en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Et 43% de la Cisjordanie sont aujourd’hui dédiés aux colonies et à leurs conseils régionaux israéliens.
Il existe deux mondes en Cisjordanie : celui des colons et celui des Palestiniens.
Les colons ont des routes qui leur sont réservés et ils sont soumis au système judiciaire israélien alors que les Palestiniens vivent sous le régime de la loi militaire israélienne.

La situation de Jérusalem-Est.

La partie orientale de Jérusalem est sensée devenir à terme la capitale d’un Etat palestinien. Mais elle est aujourd’hui occupée et annexée par Israel (depuis 1967), qui y construit aussi des colonies. 293 000 Palestiniens résident à Jérusalem-Est aux côtés de 200 000 Israéliens. Et seulement 13% de la superficie de la ville est laissée aux Palestiniens pour construire et se développer.
Avec le mur de séparation, Jérusalem-Est se retrouve aussi coupée de la Cisjordanie. 4 millions de Palestiniens ne peuvent y accéder sans un permis israélien, difficile à obtenir.

La communauté internationale a condamné violemment les dernières annonces du gouvernement israélien et lui demande de renoncer. L’ONU estime que ces projets, notamment celui de la zone E1, mettent en danger la solution à deux Etats et la viabilité d’un futur Etat de Palestine.
Car deux projets inquiètent particulièrement les Palestiniens. Il s’agit de celui appelé E1 qui aurait pour conséquence de couper en deux la Cisjordanie et rendre très difficile l’accès à Jérusalem-Est ; et le projet à Ramat Shlomo qui isolerait totalement Bethléem de Jérusalem.

Du côté de l’Autorité palestinienne, on brandit la menace de saisir la Cour pénal internationale pour poursuivre Israel pour sa politique de colonisation. Mais pour l’instant, rien de concret.
Reste à savoir aussi si ces annonces israéliennes se concrétiseront sur le terrain. N’oublions pas que le premier ministre israélien est pleine compagne pour sa réélection et ces nouveaux projets de constructions pourraient être des effets d’annonce pour flatter ses électeurs les plus conservateurs.

Publié dans palestine | Commentaires fermés sur Pas de vacances pour les colonies