Dans la ville d’Irbid au nord de la Jordanie, à une vingtaine de kilomètres de la Syrie, les réfugiés syriens sont partout. Ceux qui ne sont pas dans des camps, ont élu domicile dans des immeubles du centre-ville. Certains tiennent des restaurants, vendent des téléphones portables, s’improvisent glaciers.
A Irbid aujourd’hui, la majorité de la population est soit palestinienne, soit syrienne.
En deux ans, près de 500 000 Syriens ont trouvé refuge en Jordanie selon le Haut commissariat aux Nations Unies pour les réfugiés, dont 120 000 dans le camp de Zaatari (le deuxième plus grand camp au monde après Daba au Kenya). Selon les prévisions, la Jordanie pourrait même compter jusqu’à un million de réfugiés syriens d’ici la fin de l’année.
In the city of Irbid in northern Jordan, about twenty kilometers away from Syria, Syrian refugees are everywhere. Those who are not in camps, have taken up residence in buildings downtown. Some of them run restaurants, sell mobile phones, or make ice-creams.
In Irbid today, the majority of the population is either Palestinian or Syrian.
Within the last two years, nearly 500,000 Syrians fled to Jordan according to the United Nations High Commissioner for Refugees, including 120,000 in the camp of Zaatari ( the second largest in the world after Daba in Kenya ). According to forecasts, Jordan could even host up to one million Syrian refugees by the end of the year.
Mais pour l’instant, les réfugiés ne s’intéressent qu’à une chose : la communauté internationale va t-elle intervenir militairement en Syrie pour détruire les positions de Bachar Al-Assad ?
But for now, Syrian refugees are only interested in one thing: will the international community intervene militarily in Syria against the President Bashar Al -Assad positions?
Dans cet immeuble, 24 familles syriennes habitent. Cette femme a fui sa ville (dont elle ne veut pas dire le nom par peur des représailles) en février dernier avec ses 6 enfants. « Mon mari est en prison en Syrie depuis plus d’un an. Je n’ai pas beaucoup de nouvelles de lui mais je sais qu’il va mal. On a besoin de la communauté internationale pour nous aider. On n’a pas d’autre solution pour l’instant. Mais comment être sûr que ces bombardements vont bien toucher les positions de Bachar Al Assad et pas celles de l’armée syrienne libre ? Comment être sûr que ce n’est pas la population, une nouvelle fois, qui va souffrir ?».
24 Syrian families are living in this building. This woman fled from a Syrian city (which she doesn’t want to name in fear of reprisals) in February with her six children. “My husband has been in prison in Syria for over a year. I don’t get a lot of information about him but i know his health is really bad. We need the international community to help us. There is no other solution for the moment. But how to be sure that these bombings well hit President Bashar Al Assad’s posiitons and not those of the Free Syrian Army ? How can we be sure that these strikes won’t hit the population ?”
A l’étage en dessous, il y a Mohammed, un jeune homme de 28 ans. Il est allongé sur un lit dans une chambre. Il ne peut pas bouger. Il a perdu l’usage de ses jambes au printemps 2012 après un bombardement à Homs. Il a été blessé alors qu’il revenait de la boulangerie.
Il y a un an, il a réussi à rejoindre la Jordanie avec sa mère. Depuis, il suit la situation de loin et ne croit pas qu’une intervention militaire puisse changer quoi que ce soit.
« Ce n’est pas une bonne idée d’intervenir. Ce sera encore pire après. Ce sera juste des destructions en plus en Syrie. Il n’y a que Dieu qui peut nous aider. Ou alors Bachar Al Assad doit changer d’avis et arrêter tout ça. Ou bien il faudrait aussi que tous les jeunes hommes qui ont quitté la Syrie y retournent pour aller se battre au coté de l’armée syrienne libre. »
Sa mère, voilée, remet le drap sur ses pieds. Elle n’ose rien dire mais des larmes coulent sur ses joues : « je n’ai rien à dire. J’ai tout perdu. Je n’ai plus rien. J’ai juste réussi à venir ici avec mon fils blessé. Il n’y a plus rien à dire sur la Syrie ».
On the floor below, lives Mohammed, a 28-year old man. He is lying on a bed in a room. He can not move. He lost the use of his legs in the spring of 2012 after a bombing in Homs. He was injured while returning from the bakery.
A year ago, he was able to flee to Jordan with his mother. Since then, he is monitoring the situation from far away, and does not believe that military intervention would change anything in Syria.
“This is not a good idea to intervene. The situation will only be worse. It will mean more destruction in Syria. Only God can help us. Or Bashar Al Assad must change his mind and stop all this. Or it would also requires that all young men who have left Syria, go back there to fight alongside the Free Syrian Army . ”
His veiled mother arranges the sheet over her son’s feet. She dares not say anything but tears are streaming down her cheeks. “I have nothing to say. I lost everything. I have nothing left. I just managed to come here with my wounded son. There is nothing more to say about Syria. “
Dans un autre appartement, cette femme raconte qu’elle a perdu son mari, tué par des hommes de Bachar Al Assad. En Jordanie depuis un an, elle est contre une intervention des Américains. Elle craint que la Syrie ne devienne un 2ème Irak.
« Je pense que la solution aujourd’hui ne peut venir que des pays arabes, c’est à eux de nous aider, pas aux puissances étrangères. Si les Américains interviennent en Syrie, ça risque d’entraîner tout le Moyen-Orient dans la guerre ».
Avec ses 3 enfants, elle ne se voit pas retourner en Syrie. « Même si la situation s’améliore je ne rentrerai pas là-bas. J’ai vu des photos de ma ville et il ne reste plus rien. Je n’ai plus rien là-bas. Je ne veux pas rentrer ». Elle soupire : « Bachar al Assad est prêt à tuer son propre fils pour rester en poste en Syrie. »
In another apartment, a woman says she lost her husband, who was killed by gunmen of Bashar Al Assad. She has been in Jordan for the last year and she is against an American intervention. She fears that Syria will become a second Iraq.
“I think today the solution can only come from Arab countries, it is up to them to help us, not foreign countries. If the Americans intervene in Syria, it would lead the entire Middle East into war.”
With her three children, she does not see herself returning to Syria. “Even if the situation improves there, I will not go back. I saw pictures of my city and there is nothing left. I have nothing there. I do not want to go back. ” She sighs : “Bashar al-Assad would kill his own son to stay on in Syria.”
Ne pas intervenir militairement en Syrie, c’est aussi l’avis Mahmoud, un ancien policier qui a fui la Syrie il y a 14 mois.
« J’ai fui, parce qu’en tant que policier, le régime me demandait de tirer sur les manifestants dans les rues. Et je n’avais pas le choix. C’était soit tu tires, soit on te tue. Mais moi je ne voulais pas tirer sur mes frères, sur mon peuple. Alors je suis parti »
Selon lui, il n’y a que les Syriens qui peuvent aider la Syrie, personne d’autre. Pour cela, il milite pour un soutien tactique et financier à la rébellion, pas une intervention militaire qui arrive bien trop tard : « C’est vraiment une honte d’intervenir maintenant 2 ans après. Si la communauté internationale avait voulu sauver la Syrie, il aurait fallut le faire dès le début »
Not intervening militarily in Syria, it is also the opinion of Mahmoud, a former policeman who fled from Syria 14 months ago .
“I fled because, as a police officer, the Assad regime asked me to shoot at protesters in the streets. And I had no choice. It was either I shoot or I’m dead. But I did not want to shoot my brothers, my people. So I escaped “
According to him, only Syrians can help Syria, nobody else. That’s why, he advocates for a tactical and financial support to the rebellion, not a military intervention which comes, anyway, too late. “It’s really a shame to intervene now two years later. If the international community had wanted to save Syria, it would had done from the start”.