Mais que veut donc Yaïr Lapid ?

photo credit: AP/Oded Balilty

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Pour les personnes vivant en Israël et possédant un poste de télé, Yaïr Lapid est LA star. Celle qui a monopolisé le petit écran tous les vendredi soirs pendant plusieurs années. Jusqu’à l’année dernière, quand il a décidé de tout plaquer pour entrer en politique.
Et contre toute attente, son parti de centre-droit (de centre-gauche pour les médias israéliens) Yesh Atid, est arrivé en deuxième position lors des élections législatives israéliennes du 22 janvier dernier.

Avec 19 députés dans la nouvelle Knesset (et bientôt plusieurs ministres), Yesh Atid a le poids pour imposer ses idées politiques, qu’on dit « ouvertes ». On a aussi beaucoup entendu dire que Yaïr Lapid était une bonne nouvelle pour le processus de paix et les Palestiniens.

Qu’en est-il réellement ?

Yaïr Lapid se dit ouvert au dialogue avec les Palestiniens.

L’ancien présentateur vedette est clair : il faut relancer les négociations avec les Palestiniens. Il reproche même au premier ministre sortant, Benyamin Netanyahu de n’avoir rien fait en ce sens :

“I think if the prime minister really wanted to negotiate … then he would have. I think this is part of what I’m going to do, make the government do this because it’s so important in my mind”

“Je pense que si le premier ministre avait vraiment voulu négocier, alors il l’aurait fait. Et c’est en partie ce que j’essaierai de faire, amener le gouvernement à négocier parce que c’est très important pour moi.”

En revanche, Yaïr Lapid a déjà fixer des lignes rouges : il a notamment déclaré être contre le droit au retour des réfugiés palestiniens en Israël et contre toute négociation avec le Hamas.

Pour lancer sa campagne, Yaïr Lapid a fait un discours à l’université d’Ariel, une des plus importantes colonies israéliennes en Cisjordanie.

Yaïr Lapid est pour une solution à deux Etats.

Il l’a dit à plusieurs reprises : il n’est pas opposé à un Etat palestinien qui vivrait aux côtés de celui d’Israël. Mais, selon lui, cela ne sera possible que si les Palestiniens renoncent à réclamer Jérusalem-Est, comme capitale de leur Etat.
Dans un discours donné dans la colonie d’Ariel près de Naplouse, Yaïr Lapid a été clair :

 “Jerusalem will remain under Israeli sovereignty and will not be divided”

“Jerusalem restera sous souveraineté israélienne et ne sera pas divisée”

Par cette phrase, Yaïr Lapid remet en cause plus de 60 ans de résolution onusienne sur le statut de Jérsualem. Ville internationale à double souveraineté (arabe et juive). Il s’assoit aussi sur les Accords d’Oslo qui prévoyaient une négociation du statut de Jérusalem.

Et pour convaincre les Palestiniens, Yaïr Lapid prend en exemple Mahmoud Abbas et son interview sur une chaine israélienne il y a quelques semaines. Le chef de l’Autorité palestinienne déclarait alors renoncer à son droit au retour dans sa ville de Safed, aujourd’hui en Israël.

“Abu Mazen gave up the right of return because the Palestinians realized that there is a definite consensus among the Israeli public on this issue, so they’re moving on to the next topic. The same thing needs to happen with regard to Jerusalem.We cannot blink on this issue. When it comes to Jerusalem, there are no compromises. If the Palestinians realize they won’t have a state unless they give up on Jerusalem, they’ll back down from that demand as well.”

“Abu Mazen a abandonné la question du droit au retour parce que les Palestiniens ont réalisé qu’il y avait un consensus au sein du public israélien sur cette question, donc ils sont passés à autre chose. La même chose doit se produire avec Jérusalem. Nous ne pouvons pas hésiter sur cette question. Quand on parle de Jérsualem. Il n’y a pas de compromis possible. Si les Palestiniens réalisent qu’ils n’auront pas d’Etat tant qu’ils n’abandonneront pas Jérusalem, alors ils feront marche arrière sur cette demande aussi.”

Yaïr Lapid serait pour un désengagement unilatéral de Cisjordanie.

Le leader de Yesh Atid mesure. Un désengagement, oui. Mais pas de partout. Les principaux blocs de colonies – Ariel, Maale Adumim et Gush Etzion – ne sont pas concernés par ce retrait et resteront en Israël. Cela représente 113 000 colons israéliens, sur les 340 000 installés en Cisjordanie.

“Every sane person knows how it will end up: The Palestinians will get a country and the settlement blocks will remain a part of Israel”

“Toute personne saine d’esprit sait comment cela va finir : les Palestiniens auront un Etat et les blocs de colonies resteront en Israël”

Yaïr Lapid ajoute que, pendant les négociations, aucune nouvelle colonie ne sera construite mais qu’aucun obstacle ne pourra être mis à l’augmentation naturelle du nombre de résidents dans les colonies existantes.

Yaïr Lapid est pour un « divorce » avec les Palestiniens.

YaÏr Lapid ne veut pas juste rouvrir le dialogue avec les Palestiniens, il veut surtout se débarrasser du problème. C’est du moins ce qu’il laissait entendre dans son discours à Ariel :

“You don’t come to negotiations only with an olive branch, the way the left does, or only with a gun, the way the right does. You come to find a solution. We’re not looking for a happy marriage with the Palestinians, but for a divorce agreement we can live with”

“Vous ne venez pas à la table des négociations seulement avec une branche d’oliviers, comme le fait la gauche, ou seulement avec une arme, comme le fait la droite. Vous venez chercher une solution. Nous ne cherchons pas un mariage heureux avec les Palestiniens, mais un divorce sur lequel on peut s’entendre”

Le leader de Yesh Atid précise alors sa pensée :

“Israel must at last get rid of the Palestinians and put a fence between us. There will be no ‘new Middle East,’ but at least there won’t be three million Palestinians in Israeli territory.”

“Israel doit déjà se débarrasser des Palestiniens et construire un grillage entre nous. Il n’y aura pas de « nouveau Moyen-Orient », mais au moins il n’y aura pas 3 millions de Palestiniens sur le territoire israélien.”

 

Nb : Toutes les citations sont tirées du discours d’Ariel en octobre et d’une interview accordée à Times of Israel en janvier.

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