Que restent-ils des relations entre la Palestine et la Syrie ?

Khaled Mechaal, le chef en exil du Hamas

Depuis le début des troubles en Syrie, le pouvoir de Damas et les différents dirigeants palestiniens ont coupé presque tout contact. Pourtant, les Palestiniens et les Syriens sont liés sur le plan politique et affectif. Damas était il y a encore quelques mois le siège du leader en exil du Hamas, Khaled Mechaal et le pays accueille un demi million de réfugiés palestiniens.

 

Khaled Mechaal a installé le quartier général de son parti, le Hamas, à Damas dans les années 2000-2001 après avoir été expulsé de la Jordanie. Depuis ce temps, le chef en exil du parti islamiste au pouvoir à Gaza entretenait de plutôt bonnes relations avec l’entourage du dirigeant syrien. Mais en début d’année, Khaled Mechaal a quitté la Syrie pour le Qatar, officiellement pour des raisons familiales.

Khaled Mechaal n’a pas pris ouvertement position contre Bachar Al-Assad mais il lui a tourné le dos, déclinant notamment deux invitations et refusant d’organiser des rassemblements pro-régime dans les camps de réfugiés palestiniens en Syrie. Khaled Mechaal est même allé jusqu’à autoriser les habitants de Gaza à manifester contre le gouvernement syrien, ce qui lui a valu d’être accusé de soutenir financièrement les rebelles syriens.

Ce qui est sûr en tout cas, c’est que le chef du Hamas prend ses distances avec le pouvoir syrien. Une position qui met en danger les 500 000 réfugiés palestiniens vivant en Syrie. Le camp de Yarmouk a été plusieurs fois la cible des forces du régime ces derniers mois, obligeant certains réfugiés à fuir le pays.

L’ombre des Frères musulmans.

Les révolutions arabes et l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans en Egypte ne sont pas étrangers au retournement de veste du Hamas. Le parti islamiste palestinien semble vouloir se rapprocher de son idéologie fondatrice et de ses chefs désormais à la tête du pays le  plus peuplé du Moyen-Orient.

Cette redistribution des cartes politiques et idéologiques pousse Khaled Mechaal à miser dorénavant sur la nouvelle influence de l’Egypte dans la région. Les Alaouites au pouvoir en Syrie y voient, eux, la création d’un front islamique sunnite prêt à renverser le régime syrien.

Nouvel ordre régional.

La prise du distance du Hamas met aussi l’ « axe de résistance » à Israël (Hamas, Hezbollah, et les régimes syrien et iranien) dans la tourmente. Le Hamas est le seul mouvement de cet axe à n’avoir pas soutenu officiellement Bachar Al-Assad. Cela a  un prix : l’aide financière iranienne au Hamas a fondu, elle serait même réduite à néant depuis août 2011 selon certaines sources.

Il y a quelques jours, une journaliste de la télé d’état syrienne a officiellement accusé Khaled Mechaal de lâcher Bachar Al-Assad et ses anciens alliés : « Mechaal a été accueilli par la Syrie alors qu’il était un combattant orphelin de la résistance, qu’il cherchait un abri et que toutes les portes se refermaient devant lui. Son avion n’avait le droit d’atterrir nulle part et personne ne voulait lui serrer la main ».

Le Hamas fait donc le pari que (l’éventuel) régime post-Assad en Syrie lui sera favorable, pour son mouvement et les réfugiés palestiniens. Il y a quelques années, le soutien sans faille de Yasser Arafat à Saddam Hussein avait eu des conséquences négatives pour les Palestiniens vivant au Koweït et dans les pays du golfe.

En attendant, la situation des réfugiés palestiniens en Syrie n’est guère réjouissante. En plus d’être la cible de l’armée syrienne, ils sont eux même divisés. Il y a d’un côté ceux qui soutiennent la position du Hamas et de l’autre ceux qui préfèrent se ranger à la position du Front populaire de la Libération de la Palestine – Commandement général (FPLP-CG). Le secrétaire général de cette organisation a officiellement apporté son soutien à Bachar Al Assad en août dernier et créé une faction armée chargée de défendre les réfugiés palestiniens contre les assauts des rebelles syriens.

Cette division en cache une plus grande, celle au sein des membres du Tahalof, cette alliance de huit factions palestiniennes créée au Liban en réaction à la signature des accords de paix d’Oslo avec Israël en 1993. Parmi elle, on compte notamment le Hamas, le FPLP-CG, le Jihad Islamique et le parti communiste révolutionnaire.
Mais depuis le début des troubles en Syrie, l’alliance se fissure. Aucune réunion n’a été organisée depuis mars 2011. Les différents groupes divergent sur la position à adopter vis-à-vis du régime syrien et vis-à-vis des réfugiés palestiniens installés au Liban.

 

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