“Freedom bus” ou les bribes de l’occupation

Jusqu’au 1er octobre, un bus de la liberté sillonne la Cisjordanie. A son bord, des acteurs et des musiciens palestiniens. Ils vont s’arrêter dans plusieurs villes de Cisjordanie et utiliser le théâtre participatif pour amener les habitants à partager leurs histoires et témoigner de l’occupation israélienne.

L’équipe du bus de la liberté à Naplouse.
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La troupe du Freedom Theater de Jénine s’est arrêtée dans la vieille ville de Naplouse ce lundi 24 septembre. Les chaises sont disposées, les techniciens font des tests micro et les comédiens se réunissent une dernière fois avant d’entrer sur scène.

Les enfants prennent place au premier rang, les yeux écarquillés, les parents s’assoient un peu en retrait, pendant que d’autres posent leur regard interrogatif sur la scène depuis les hauteurs de leurs fenêtres.

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Hicham, s’avance. Chemise blanche, barbe de quelques jours et micro en main. Il interpelle la foule. « Qui a déjà vu la mer ? », « qui a déjà voyagé ? ». Les mains qui se lèvent son rares. Une femme vient dire qu’elle n’a jamais vu la mer.

Le spectacle se poursuit. Hicham rappelle que c’est une plongée dans le passé, une recherche des souvenirs enfuis. Il invite les gens à venir raconter un épisode de leur vie qui les a marqué.

Personne n’ose s’approcher. Tout le monde se regarde.

L’endroit de la représentation n’a pas été choisi au hasard. C’est ici, sur cette petite place que l’armée israélienne a détruit, à coup de bulldozers, la maison de la famille Al-Shubi un soir de 2002. Les murs se sont effondrés sur les 8 membres de la famille, piégés à l’intérieur. Personne n’a survécu.

Mémorial pour la famille Al-Shubi tuée en 2002
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Aujourd’hui, de la maison, il ne reste qu’une plaque. Un mémorial érigé en face de l’ancienne maison.

Une jeune femme se lève. Elle prend le micro et raconte : « J’habitais juste à côté. J’avais peur, le bruit était assourdissant. Je pensais que les Israéliens allaient venir ensuite chez moi pour détruire ma maison. Jamais je n’oublierai cette journée-là ».

Place maintenant aux acteurs. Grâce aux mimes et à la musique, ils vont rejouer cet épisode.

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C’est au tour d’un homme de se lever. Il raconte cette journée de manifestation en 1982 à Naplouse. Il a 15 ans. L’armée israélienne tire sur la foule. Il est touché à l’abdomen et à la jambe. Il se voit mourir. Mais il est sauvé.

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Les comédiens miment les tirs de l’armée israélienne puis l’homme qui tombe à terre. Dans le public, l’homme rit et pleure en même temps.

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Hicham reprend le micro et son rôle de maître de cérémonie. « Qu’est-ce qui vous fait peur ? » Un garçon de 9 ans habillé d’un maillot du Barça s’avance : « Moi, j’ai peur que l’armée israélienne vienne et me tire dessus ».

Un frisson parcourt le public. L’émotion submerge alors Hicham. Les larmes coulent entraînant avec elles celles du public.

 

Le bus de la liberté continue sa tournée jusqu’au 1er octobre.

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