Mais qui a tué Yasser Arafat?

 

La thèse d’un empoisonnement de l’ancien leader de l’Autorité palestinienne n’est pas nouvelle. Sa mort (inexpliquée) en 2004 à Paris a toujours été entourée de mystères et de spéculations.

Mais ce qui est nouveau aujourd’hui, et que révèle la chaine de télévision qatarie Al Jazeera, c’est que des traces d’une substance hautement radioactive ont été retrouvées sur des effets personnels de Yasser Arafat (brosse à dents, vêtements). Pour autant, on ne peut pas dire à l’heure actuelle que l’homme au keffieh est mort empoisonné. Les radiophysiciens suisses (cités par Al Jazeera) assurent que les symptômes dont souffrait Yasser Arafat en 2004 ne sont pas cohérents avec une exposition au polonium (la même substance qui a servi à tuer l’espion russe Alexandre Litvinenko en 2006).

La tombe d’Arafat à Ramallah – Novembre 2011

Quoi qu’il en soit, la révélation est telle que l’enquête est relancée. La veuve de Yasser Arafat a demandé à ce que le corps de son mari, enterré à Ramallah, soit exhumé pour de nouvelles recherches. Et l’Autorité palestinienne (qui se dit prête à tout pour faire éclater la vérité) demande l’ouverture d’une commission d’enquête internationale sur le même modèle que celle créée après le meurtre de Rafiq Hariri au Liban en 2005.

Car, la question maintenant qui va surgir, si la thèse de l’empoisonnement est confirmée, c’est QUI a tué Yasser Arafat?
Les services secrets israéliens sont pointés du doigt mais ils pourraient aussi s’agir d’un proche de l’ancien leader palestinien. On parle de lutte de pouvoir à l’époque dans son entourage politique quand Yasser Arafat était assiégé à la Moqataa à Ramallah pendant l’opération Rempart.

Il est aussi intéressant de noter le timing choisi par Al Jazeera pour faire ces révélations. Cela tombe au moment où l’Autorité palestinienne connait la plus grave crise de son histoire (politique et financière). Beaucoup de Palestiniens crient au complot, accusant certains membres du Fatah de vouloir faire tomber Mahmoud Abbas.
Le nom de Mohammed Dahlane circule. Ancien chef des services de sécurité palestiniens  exclu du Fatah l’année dernière, certains l’accusent de chercher à affaiblir l’Autorité palestinienne et le Fatah pour faire émerger de nouvelles forces en Palestine. Il a d’ailleurs été suspecté d’être à l’origine des “Palestine papers“, ces fuites concernant les négociations de paix avec Israel.

Sur un plan plus pragmatique, les raisons pour éliminer Yasser Arafat étaient nombreuses à l’époque. En pleine Seconde Intifada, le leader emblématique de la Palestine était sous le feu des critiques israéliennes (accusé d’être responsable du déclenchement des violences), palestiniennes (pour avoir fait trop de compromis à Oslo) et internationales (accusé d’être responsable de l’arrêt du processus de paix).

Reste maintenant à savoir si l’empoisonnement est confirmé. Dans tous les cas, il est sûr que les thèses les plus folles sur la mort de Yasser Arafat vont ressurgir ces prochains jours.

 

BONUS : Le documentaire diffusé sur Al Jazeera

 

 

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Faut-il dissoudre l’Autorité palestinienne ?

Le drapeau palestinien entouré des 127 autres drapeaux des pays qui ont reconnu la Palestine en tant qu’Etat. En arrière plan, le palais présidentiel de Mahmoud Abbas.

Depuis l’échec de la demande de reconnaissance d’un Etat de Palestine à l’ONU en septembre dernier, de plus en plus de voix s’élèvent dans les Territoires palestiniens pour appeler à la dissolution de l’Autorité palestinienne. Est-ce possible ? Les Territoires palestiniens sont-ils viables sans l’Autorité ?

Au début était Oslo.

L’Autorité palestinienne a été créée le 4 mai 1994 suite à la signature des accords d’Oslo. Le plan prévoyait que l’Autorité palestinienne serve d’intermédiaire pendant 5 ans, le temps de la création d’un Etat de Palestine. 18 ans après, l’Etat de Palestine n’est toujours qu’un mirage, les Palestiniens n’ont jamais été autant divisés (géographiquement et politiquement), l’Autorité palestinienne ne contrôle réellement que 40% du territoire et le processus de paix est au point mort depuis 1 an et demi.

Pourtant, en septembre dernier, les Palestiniens ont surfé sur une vague d’espoir quand Mahmoud Abbas est allé à l’ONU demander au Conseil de sécurité de reconnaître la Palestine comme le 194e Etat membre de l’organisation. Mais 10 mois plus tard, la procédure est à l’arrêt et les rêves palestiniens envolés. L’adhésion à l’UNESCO en octobre dernier, a redonné un peu le sourire mais la plupart des Palestiniens ne s’y trompent pas : la situation est figée, il faut donner un nouveau souffle à la cause palestinienne. Et pour certains, cet appel d’air doit forcément passer par la disparition pure et simple de l’Autorité palestinienne.

La triple crise : politique, financière et de légitimité.

La principale critique formulée contre le pouvoir de Mahmoud Abbas est qu’il participe à l’occupation israélienne en maintenant le statu quo. Pour preuve, le nombre de colonies israéliennes en Cisjordanie qui ne cesse d’augmenter, la judaïsation de Jérusalem-Est et l’absence de contrôle palestinien sur la zone C qui représente 60% de la Cisjordanie et où vivent plus de 50 000 Palestiniens.
A tout cela, s’ajoute les 500 000 colons installés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Politiquement, l’Autorité palestinienne est affaiblie. Notamment, depuis la scission avec la Bande de Gaza et la prise du pouvoir du Hamas en 2007. Il y a désormais deux gouvernements (un à Ramallah et un autre à Gaza), déconnectés l’un de l’autre. Avec d’un côté, un pouvoir à tendance islamiste qui ne reconnaît pas l’existence d’Israël (dirigé par le Hamas) et de l’autre, un gouvernement laïc (emmené par le Fatah), interlocuteur privilégié de l’Etat hébreu dans les négociations.

Rassemblement pour les 24 ans du Hamas à Gaza en décembre 2011

L’année dernière, un accord de réconciliation a été signé entre le Fatah et le Hamas. Mais pour l’instant, il n’a été suivi d’aucun effet concret : le gouvernement d’union nationale annoncé début février est toujours remisé dans un carton et les élections présidentielle et législatives annoncées depuis des années n’ont toujours pas eu lieu. Et ne devraient pas avoir lieu tout de suite.

Pourtant, sans ces élections, l’Autorité palestinienne met en jeu sa légitimité car officiellement, Mahmoud Abbas n’a plus de mandat depuis 2009. Les Palestiniens estiment aussi qu’ils n’ont obtenu aucun avancée concrète depuis 1994 et les accusations de corruption se multiplient. La pression de la rue se resserre et l’Autorité palestinienne réplique à coups de censure et d’arrestations (notamment dans le nord, à Jénine).

Financièrement, la situation n’est guère meilleure. L’Autorité palestinienne, dont les finances dépendent de l’aide internationale, est entrée dans la plus grave crise financière depuis sa création. Il manque plus d’1 milliard de dollars pour remettre les comptes à flot (Israel a d’ailleurs fait une demande de prêt – rejetée – au FMI pour tenter de sauver l’Autorité), les salaires des fonctionnaires de juillet ne seront sans doute pas versés et le gouvernement palestinien en appelle à la générosité des pays arabes.  Le premier ministre Salam Fayyad tente de maintenir la tête hors de l’eau, lui qui apparaît plus comme bailleur de fond qu’un chef de gouvernement.

Et pour ne rien arranger, les négociations avec Israel sont au point mort depuis septembre 2010 (la dernière grande conférence pour la paix remonte même à 2007 à Annapolis) et personne ne peut dire aujourd’hui quand et si elles reprendront un jour.

Le bruit de la rue.

Devant ce triste constat, l’Autorité palestinienne perd des soutiens. Il n’est plus rare d’entendre des slogans anti-Abbas dans les rues de Ramallah. Et le week-end dernier, des centaines de personnes sont descendues dans les rues pour dire NON à la reprise des négociations avec Israel et NON à la gouvernance de l’Autorité palestinienne telle qu’elle est aujourd’hui.

Le mouvement de contestation n’est pas nouveau mais il a émergé ces derniers jours après l’annonce de la visite à Ramallah du numéro 2 du gouvernement israélien, Shaul Mofaz. Ancien commandant des forces armées israéliennes en Cisjordanie et ancien ministre israélien de la défense, Shaul Mofaz apparaît pour la majorité des Palestiniens comme un criminel de guerre. A ce titre, ils estiment qu’il ne peut mettre un pied en Territoire palestinien et, selon eux, Mahmoud Abbas devrait avoir honte d’avoir même seulement pensé à vouloir le rencontrer.

Finalement, la réunion entre Abbas et Mofaz prévue ce dimanche 1er juillet a été reportée à une date indéfinie. Pas annulée. Reportée. Ce qui a fait redoubler la colère des manifestants qui sont retournés dans les rues pour crier leur désaccord. En face, l’Autorité palestinienne a déployé sa force anti-émeute, appuyée de flics en civil. La répression a été violente : plusieurs personnes ont été blessées, d’autres arrêtées et des caméras ont été confisquées.

Pour l’instant, les manifestants n’ont pas réussi à atteindre le palais présidentiel, la Moqataa. Ils ont été repoussés par les forces de police à chaque fois. Pas découragés pour autant, Ils vont à nouveau tenter de protester sous les fenêtres de Mahmoud Abbas, ce mardi 3 juillet en fin d’après-midi.

L’Autorité peut-elle s’écrouler ?

Difficile de répondre à cette question sans en amener d’autres. L’Autorité a t’elle la force de résister à la rue ? La rue a t’elle vraiment l’intention de renverser l’Autorité ? A quoi ressembleraient les Territoires sans gouvernement ?
Certains Palestiniens disent préférer une troisième Intifada à un pouvoir dirigé par l’Autorité palestinienne. Soit. Mais quelles seront les conséquences d’une troisième Intifada ?

Dans tous les cas, l’Autorité vit des jours difficiles et les accords d’Oslo pourraient bien devenir un lointain souvenir. Le pouvoir de Mahmoud Abbas a beaucoup de dossiers à régler pour retrouver sa stabilité : Gaza, Hébron, zone C, colonies, crise financière, processus de paix. L’Autorité pourra-t-elle tout gérer ?

 

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Gaza-Egypte / Hamas-Frères musulmans

Mohammed Morsi, le candidat des Frères musulmans, est devenu dimanche le premier président démocratiquement élu de l’Egypte. A quelques kilomètres de là, dans la Bande de Gaza c’est l’euphorie. Pour le Hamas, allié des Frères musulmans, l’arrivée de Morsi au pouvoir est une aubaine. Il y voit un nouvel allié de poids dans la région.

Rassemblement du Hamas et du Jihad islamique à Gaza après la victoire de Mohammed Morsi en Egypte, 24 juin 2012

Dans les rues de Gaza, il n’est pas rare de croiser une affiche de Mohammed Morsi et dans les rassemblements, le drapeau égyptien flotte désormais aux côtés de ceux du Hamas et du Jihad islamique. « Les Egyptiens ont fait le bon choix. Mohammed Morsi est un homme bien qui comprend le peuple palestinien » se réjouit cette étudiante gazaouie de 20 ans.

L’élection de Mohammed Morsi a été fêtée en grande pompe dans toute la Bande de Gaza, à coup de tirs de joie et de rassemblements de soutien à la « Grande Egypte ».
Pour les Gazaouis, l’arrivée au pouvoir d’un Frère musulman est vécue comme un espoir, un renouveau, dans ce territoire soumis à un blocus (terrestre, aérien et maritime) depuis 2007.

Une prochaine levée du blocus : rêve ou réalité ?

Depuis la chute d’Hosni Moubarak, les liens entre l’Egypte et la Bande de Gaza se sont renforcés : ouverture partielle du terminal de Rafah (au sud), livraisons de gaz, rôle de médiateur avec l’autorité palestinienne (réconciliation Fatah/Hamas) et Israël (signatures de trêves avec certains groupes armés de Gaza).

Ce qu’espèrent les Gazaouis maintenant c’est que l’Egypte fasse pression sur Israël pour la levée de blocus. Pour eux, le schéma est simple : les Frères musulmans sont au pouvoir en Egypte, le Hamas qui contrôle Gaza est un des petits frères des Frères, l’Egypte va avoir une voix sur la scène internationale et demander la levée du blocus pour ces frères de Gaza. Surfant sur la vague des révolutions arabes, Gaza espère que la voix égyptienne sera entendue.

Mais l’équation est-elle aussi simple ?
La levée du blocus n’est qu’une partie du problème.
Premièrement, on ne sait pas exactement quelle sera la marge de manœuvre du nouveau président égyptien et quelles seront ses priorités. Les Frères musulmans vont déjà devoir gagner leur place sur la scène internationale, se faire reconnaître et accepter en tant qu’interlocuteur valable.

Ensuite, les relations entre la Bande de Gaza et l’Egypte sont ambigües. Le terminal Rafah n’est ouvert que partiellement, il n’y pas d’accord commercial et les services de sécurité égyptiens s’inquiètent de l’insécurité croissante dans le Sinaï. Ils mettent en avant des liens entre certains militants de Gaza et des groupes qui se revendiquent d’Al Qaïda dans le Sinaï égyptien.

Quid de l’autorité palestinienne à Ramallah ? Si Mahmoud Abbas et Salam Fayyad, en Cisjordanie, ont eux aussi félicité le nouveau président égyptien, l’ambiance n’était pas aux célébrations comme dans la Bande de Gaza.
L’autorité palestinienne se satisfaisait de Hosni Moubarak qui maintenait un statu quo dans la région entre l’Autorité palestinienne, le Hamas et Israël.

Le hamas peut-il obtenir une reconnaissance internationale ?

Au ban de la communauté internationale depuis sa prise de pouvoir en 2007 dans la Bande de Gaza, le Hamas est considéré comme une organisation terroriste notamment par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne. A ce titre, aucune discussion directe n’est possible avec le parti islamiste.

Mais le Hamas espère que les révolutions arabes vont changer les choses. La communauté internationale a reconnu le nouveau pouvoir tunisien emmené par les islamistes (qu’on dit modérés) d’Ennahda et le nouveau gouvernement marocain formé des membres du parti islamiste PJD.
Va-t-elle maintenant continuer sur sa lancée et revoir sa position vis-à-vis du Hamas ?
C’est peu probable. En tout cas, dans un futur proche. Car le Hamas est impliqué dans des attentats suicides en Israël qui ont fait des centaines de morts et le parti islamiste ne reconnaît toujours pas l’existence de l’Etat hébreu.

 

L’espoir des Gazaouis risque bien de retomber très vite. Au grand désespoir d’Ahmad, un jeune infirmier : « Les gouvernements islamistes ne sont pas parfaits pour diriger un peuple. C’est comme à Gaza. On nous avait dit que le Hamas feraient de Gaza un nouveau New York, mais rien ne s’est passé ici ! La situation est même pire qu’avant ».

 

Plus de lectures :

L’heure des islamistes (en français)
Les conséquences de la victoire de Morsi sur la bande de Gaza
(en anglais)
Le Hamas pourrait gagner une reconnaissance internationale
(en anglais)

 

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Bombardements sur Gaza

Bombardement israélien sur Gaza, 23 juin 2012

C’est la deuxième fois de ma vie que je me fais réveiller par un bombardement. Les 2 fois ce fut à Gaza. Lors de raids de l’armée israélienne le 13 octobre 2010 et le 23 juin 2012.

Ce bruit sourd qui réveille en quelques nano secondes. Cette étrangère impression mêlée de sommeil et d’angoisse. Il y a d’abord le son de l’avion (F16 ou drone), puis celui du missile qui traverse l’air et enfin la déflagration. Longue, sourde, énorme. Et puis, l’immeuble qui se met à trembler.

Je me rends compte que je suis assise sur mon lit, les yeux qui tentent de percer l’obscurité. Il est 2h06 du matin.
Je finis par me mettre à la fenêtre, je ne vois rien.
Et puis, d’un coup, les sirènes hurlent au loin. Des radios s’allument chez les voisins. Des têtes se dessinent au balcon.

On veut savoir, et en fait pas vraiment. Qui a été touché? où? Va-t-il y avoir d’autres raids? Faut-il sortir? Rester à l’abri?

Finalement, je sors sur le balcon. Au loin, le ciel devient orangé. L’armée israélienne a touché un site du Hamas situé en plein centre-ville de Gaza. Cela doit être à 2 kilomètres à vol d’oiseau de mon immeuble. Le site est en feu.

Impossible d’aller se recoucher. La tension est trop forte. L’angoisse aussi.
Finalement, le sommeil reprend ses droits vers 4h du matin. Interrompu par les muezzins. Puis à nouveau interrompu par deux légères déflagrations vers 7h du matin. C’est Iron Dome qui vient d’intercepter deux roquettes tirées vers Israël.

Les fenêtres des immeubles jouxtant le bombardement ont explosé

 

Les photos ont été prises ce samedi 23 juin au matin vers 11h.

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Les réfugiés palestiniens

C’est aujourd’hui la journée mondiale des réfugiés. Selon l’UNHCR, Le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés, il y a actuellement 800 000 demandeurs d’asile dans le monde, 15 millions de réfugiés et 26 millions de déplacés de l’intérieur.

Dans ces chiffres, il y aussi les réfugiés palestiniens. Mais eux, ne sont pas pris en charge par l’UNHCR mais par une autre agence de l’ONU : l’UNRWA spécialement créé en 1950 pour s’occuper du sort des Palestiniens.
Selon l’UNRWA il y a aujourd’hui environ 5 millions de réfugiés palestiniens. Est considéré comme réfugié toute personne qui résidait en Palestine entre juin 1946 et mai 1948 et qui a perdu sa maison dans la guerre de 1948 entre les pays arabes et Israël.

Au début de son mandat, l’UNRWA s’occupait de 750 000 personnes. Elles sont aujourd’hui près de 5 millions. 1/3 de ces réfugiés vivent dans 58 camps reconnus par l’ONU établis en Cisjordanie, à Jérusalem-Est, à Gaza, en Jordanie, au Liban et en Syrie.
La majorité des réfugiés palestiniens vivent aujourd’hui en Jordanie (2 millions). Voir carte

Si on prend en compte les réfugiés palestiniens établis hors des pays arabes, ils seraient plus de 7 millions dans le monde, soit 70% de la population totale palestinienne selon Saeb Erakat, négociateur en chef pour la Palestine.

Un camp parmi tant d’autres : celui de Dheisheh à Bethléem.

Aujourd’hui, la plupart des camps de réfugiés présents en Cisjordanie et à Gaza sont devenus de petites villes. Les maisons en dur ont remplacé les tentes de fortune. L’exil temporaire est devenu une installation durable.

A Dheisheh par exemple, au sud de Bethléem, la camp a été construit en 1949 pour accueillir 3400 Palestiniens expulsés de 45 villages.
Aujourd’hui, le camp abrite plus de 13 000 personnes. La plupart des jeunes sont nés dans le camp et ils y passeront surement toute leur vie.

La question des réfugiés palestiniens, enjeu du processus de paix

Les demandes des Palestiniens en vue de la signature d’un accord de paix avec Israël sont nombreuses. Une des principales concerne le droit au retour des réfugiés palestiniens en Territoires palestiniens.

Jusqu’à maintenant Israël refuse, en violation de la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations Unies votée le 11 décembre 1948. L’article 11 stipule :

« Décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables  ;

Donne pour instructions à la Commission de conciliation de faciliter le rapatriement, la réinstallation et le relèvement économique et social des réfugiés, ainsi que le paiement des indemnités, et de se tenir en liaison étroite avec le Directeur de l’Aide des Nations unies aux réfugiés de Palestine, et, par l’intermédiaire de celui-ci, avec les organes et institutions appropriés de l’Organisation des Nations unies »

« the refugees wishing to return to their homes and live at peace with their neighbours should be permitted to do so at the earliest practicable date, and that compensation should be paid for the property of those choosing not to return and for loss of or damage to property which, under principles of international law or in equity, should be made good by the Governments or authorities responsible;
Instructs the Conciliation Commission to facilitate the repatriation, resettlement and economic and social rehabilitation of the refugees and the payment of compensation, and to maintain close relations with the Director of the United Nations Relief for Palestine Refugees and, through him, with the appropriate organs and agencies of the United Nations »

Pour l’instant donc la situation des réfugiés palestiniens n’évolue pas. L’UNRWA, dont la mission devait être temporaire, travaille sur cette problématique depuis 62 ans. Et pour encore combien de temps ?

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