La thèse d’un empoisonnement de l’ancien leader de l’Autorité palestinienne n’est pas nouvelle. Sa mort (inexpliquée) en 2004 à Paris a toujours été entourée de mystères et de spéculations.
Mais ce qui est nouveau aujourd’hui, et que révèle la chaine de télévision qatarie Al Jazeera, c’est que des traces d’une substance hautement radioactive ont été retrouvées sur des effets personnels de Yasser Arafat (brosse à dents, vêtements). Pour autant, on ne peut pas dire à l’heure actuelle que l’homme au keffieh est mort empoisonné. Les radiophysiciens suisses (cités par Al Jazeera) assurent que les symptômes dont souffrait Yasser Arafat en 2004 ne sont pas cohérents avec une exposition au polonium (la même substance qui a servi à tuer l’espion russe Alexandre Litvinenko en 2006).
Quoi qu’il en soit, la révélation est telle que l’enquête est relancée. La veuve de Yasser Arafat a demandé à ce que le corps de son mari, enterré à Ramallah, soit exhumé pour de nouvelles recherches. Et l’Autorité palestinienne (qui se dit prête à tout pour faire éclater la vérité) demande l’ouverture d’une commission d’enquête internationale sur le même modèle que celle créée après le meurtre de Rafiq Hariri au Liban en 2005.
Car, la question maintenant qui va surgir, si la thèse de l’empoisonnement est confirmée, c’est QUI a tué Yasser Arafat?
Les services secrets israéliens sont pointés du doigt mais ils pourraient aussi s’agir d’un proche de l’ancien leader palestinien. On parle de lutte de pouvoir à l’époque dans son entourage politique quand Yasser Arafat était assiégé à la Moqataa à Ramallah pendant l’opération Rempart.
Il est aussi intéressant de noter le timing choisi par Al Jazeera pour faire ces révélations. Cela tombe au moment où l’Autorité palestinienne connait la plus grave crise de son histoire (politique et financière). Beaucoup de Palestiniens crient au complot, accusant certains membres du Fatah de vouloir faire tomber Mahmoud Abbas.
Le nom de Mohammed Dahlane circule. Ancien chef des services de sécurité palestiniens exclu du Fatah l’année dernière, certains l’accusent de chercher à affaiblir l’Autorité palestinienne et le Fatah pour faire émerger de nouvelles forces en Palestine. Il a d’ailleurs été suspecté d’être à l’origine des “Palestine papers“, ces fuites concernant les négociations de paix avec Israel.
Sur un plan plus pragmatique, les raisons pour éliminer Yasser Arafat étaient nombreuses à l’époque. En pleine Seconde Intifada, le leader emblématique de la Palestine était sous le feu des critiques israéliennes (accusé d’être responsable du déclenchement des violences), palestiniennes (pour avoir fait trop de compromis à Oslo) et internationales (accusé d’être responsable de l’arrêt du processus de paix).
Reste maintenant à savoir si l’empoisonnement est confirmé. Dans tous les cas, il est sûr que les thèses les plus folles sur la mort de Yasser Arafat vont ressurgir ces prochains jours.
BONUS : Le documentaire diffusé sur Al Jazeera