Mahmoud Abbas va à l’ONU

Une chaise pour la Palestine à l’ONU ?
www.merblanche.com all rights reserved

Encore ?

Oui, encore. Mais pas pour (exactement) la même chose.

Petit flashback : On est en septembre 2011, le président de l’Autorité palestinienne décide d’aller au Conseil de sécurité de l’ONU pour demander l’adhésion de l’Etat de Palestine en tant que 194e Etat membre de l’organisation.

Cela avait provoqué une ferveur inattendue dans les Territoires palestiniens, coincés entre l’occupation israélienne et un processus de paix au point mort depuis près d’un an. D’un coup, Mahmoud Abbas se retrouvait leader de tout un peuple, à l’apogée de sa carrière. Avec pour ambition de laisser une trace dans l’histoire.

Ferveur palestinienne à Ramallah le soir du discours d’Abbas à l’ONU le 23 septembre 2011.
www.merblanche.com all rights reserved

Finalement, ce fut un #epicfail. La Palestine n’a jamais obtenu les 9 voix nécessaires pour obtenir ce statut d’Etat.

Un an plus tard, c’est un peu la sinistrose dans les Territoires. Le statut quo grignote les envies et les espoirs. L’apathie a envahi les rues. Quoi de mieux alors que de retourner à l’ONU.

Ben, oui, pourquoi pas ?

Cette fois, c’est décidé. Mahmoud Abbas retourne à New York mais pas devant le Conseil sécurité. Devant l’Assemblée générale et ces 193 membres. Il s’agit d’obtenir un changement de statut. De passer de celui d’entité non-membre à celui d’Etat observateur non-membre. Un peu comme sur le même modèle que le Vatican.

Pour être sûr de ne pas se faire jeter de l’estrade, Mahmoud Abbas a multiplié les voyages diplomatiques ces dernier mois. Le lobbying. Car il s’agit d’arriver devant la tribune de l’Assemblée générale en étant sûr d’être soutenu par la majorité des Etats membres.

L’Assemblée générale, pour quoi faire ?

Les Palestiniens veulent obtenir le statut d’Etat observateur non-membre. Cet Etat s’appellerait la Palestine et se composerait de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza dans un territoire délimité par les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

L’autorité palestinienne met en avant le droit des peuples à l’autodétermination. Une norme internationale qui a permis l’indépendance et la création de nombreux pays dans le monde.

Aller à l’ONU c’est aussi se battre diplomatiquement et non militairement. Les Palestiniens rappellent d’ailleurs que l’Etat d’Israël est né grâce à la résolution 181 des Nations Unies. Et puis 132 pays reconnaissent déjà la Palestine en tant qu’Etat. Ce qui fait environ 75% de la population mondiale.

Qui est contre ?

Les deux principaux opposants à cette démarche de reconnaissance à l’ONU sont Israël et les Etats-Unis. Pour résumer, ils reprochent à Mahmoud Abbas de tourner le dos aux négociations de paix en agissant de manière unilatérale.

Pour tenter de court-circuiter l’affaire, le gouvernement israélien a brandi la menace des sanctions financières. Si les Palestiniens vont à l’ONU, Israël ne rétrocédera pas les droits de douanes que récupère chaque mois l’Autorité palestinienne. Cela représente environ 100 millions de dollars par mois.
Une somme importante quand on sait que l’Autorité palestinienne accuse un déficit de près d’un milliard de dollars. Mais les Etats arabes ont déjà annoncé qu’ils aideraient financièrement la Palestine en cas de mise à exécution de cette menace.

Barak Obama, lui, s’est contenté pour l’instant d’un coup de fil à Mahmoud Abbas pour lui demander de renoncer à sa démarche. En vain.
Le président palestinien a réaffirmé qu’il irait bien à l’ONU avant la fin du mois de novembre.

Et c’est tout.

Est-ce une démarche unilatérale ?

Dans l’absolu, oui. Les Palestiniens décident de demander une reconnaissance à l’ONU sans demander l’avis d’Israël.
Mais dans les faits, le processus de paix est au point mort depuis plus de 2 ans et les Palestiniens tentent donc de contourner ce blocage.

Il s’agit aussi de taper un grand coup contre la politique d’occupation israélienne. Depuis les accords d’Oslo signés en 1993, le nombre de colons en Cisjordanie a doublé, passant de 250 000 à 500 000 aujourd’hui. Et la tendance n’est pas à l’arrêt de la colonisation. Le gouvernement israélien vient d’annoncer la construction de nouveaux logements à Pisgat-Ze’ev (Jérusalem-Est) et Itamar (Naplouse).

Enfin, l’Autorité palestinienne ne cesse de le rappeler. Cela n’est pas un coup d’arrêt à la solution à 2 Etats. Un concept cher à l’administration d’Obama.

Etat observateur non membre, et après ?

En cas de succès, la Palestine pourra devenir membre d’autres organisations internationales comme la Cour pénale internationale et ainsi poursuivre l’Etat d’Israël.
Mais l’Autorité palestinienne est claire : cela ne changera rien sur le terrain sur le court terme. Les colonies ne vont pas disparaître du jour au lendemain.

Ce contenu a été publié dans israel, palestine, politique, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.