Il en existe des dizaines de ce type en Jordanie. Des sortes d’hôpitaux clandestins et d’appartements de convalescence pour blessés de l’Armée syrienne libre. Dans cet immeuble du centre-ville d’Irbid, 16 appartements servent aujourd’hui de lieu de convalescence pour 35 blessés (la majorité sont des rebelles).
There are dozens of these in Jordan : kinds of underground hospitals and recovering apartments for the wounded of the Free Syrian Army.
In this building in downtown Irbid, 16 apartments welcome 35 men, recovering from their injuries. Most of them are Syrian rebels.
L’homme qui dirige cet hôpital est Syrien, de Deraa. Comme les 5 médecins et les 6 infirmières, il est bénévole. “Nous recevons des dons de la diaspora syrienne à l’étranger et de certains pays du Golfe”.
On n’en saura pas plus.
The manager of this hospital is a Syrian, from Deraa. As for the 5 doctors and 6 nurses, he is a volunteer. “We receive donations from the Syrian diaspora abroad and from some of the Gulf countries”.
We won’t get to know more.
A en croire ce directeur, que nous appellerons Jaffar, environ 300 combattants blessés de l’Armée syrienne libre entrent tous les mois en Jordanie. “Quand les blessés arrivent à la frontière, il y a des docteurs qui les attendent et ils sont transportés dans la ville de Ramtha où ils reçoivent les premières soins. Ensuite, ils sont envoyés vers d’autres hôpitaux à Amman et à Irbid”.
Jaffar, lui, s’occupe de remettre les combattants sur pied. Il les garde “une semaine, un mois, plusieurs mois. Ça dépend de leur état de santé”.
According to the manager, who we will call Jaffar, about 300 wounded fighters of the Free Syrian Army arrive every month in Jordan. “When the wounded arrive at the border, doctors are waiting for them and they are transported to the city of Ramtha, where they receive first aid. Then they are transfered to other hospitals in Amman and Irbid.”
Then Jaffar takes care of the fighters, to make them back on their feet. He keeps them “one week, one month, several months. It depends on their health condition.”
Après leur séjour dans l’immeuble de convalescence de Jaffar, les combattants qui peuvent à nouveau marcher et porter des armes repartent se battre en Syrie aux côtés des rebelles. La plupart sont de Deraa au sud. Certains de la banlieue de Damas. Tous ont été blessés dans des bombardements ou par des tirs de snipers. Beaucoup ont perdu un membre ou l’usage de leurs jambes.
After their stay in Jaffar’s recovering building, the fighters who can walk again and carry weapons go back to fight in Syria alongside the rebels. Most of them are from Deraa, South of Syria. And some are from of the suburbs of Damascus. All were injured in shellings or by snipers. Many have lost a limb or the use of their legs.
Ce jeune homme a 17 ans. Avant d’arriver ici, c’était un sniper de l’Armée syrienne libre. “Mais je me suis fait avoir par un sniper du régime”. Touché au dos, il espère bientôt retrouver l’usage de ses jambes pour repasser en Syrie et reprendre sa Kalachnikov.
This young man is 17 years old. Before he came here, he was a sniper in the Free Syrian Army. “But I got screwed by a sniper of the regime.” Hit in the back, he now awaits to feel his legs again in order to go back to Syria and hold his Kalashnikov again
Dans la chambre à côté, Ahmed envoie des textos. Il montre fièrement sa prothèse qui remplace son mollet et son pied droits. Il dit avoir été blessé en détention : “J’avais été arrêté par le régime et placé en prison avec 34 autres personnes. Là-bas, j’ai reçu une balle dans la jambe mais personne ne m’a soigné. Et la blessure s’est infectée”. Quand l’Armée syrienne libre est venu les libérer, Ahmed a fui et est passé en Jordanie. Il a alors été transféré dans le camp de Zaatari où les médecins ont décidé de l’amputer.
In the room next door, Ahmed is texting. He proudly shows his prosthesis that replaces his right calf and foot. He said he was injured in detention: “I was arrested by the regime and sent to prison with 34 other people. There, I got shot in the leg but nobody took care of me so the injury got infected.” When the Free Syrian Army came to release them, Ahmed fled to Jordan. Here, he was transferred to Zaatari camp where doctors decided to amputate.
Cet ancien journaliste a reçu une balle dans le dos. Depuis, ses jambes ne réagissent plus. Toute la journée, allongé, il regarde les photos de son pays, la Syrie, sur internet. Il montre une image prise au tout début de la révolution à Deraa. On y voit des jeunes manifester. “On a commencé sans arme. Mais le monde n’a rien fait, il n’a fait que nous regarder, sans rien dire à Assad. Alors, à un moment on a été obligé de prendre les armes pour se défendre. Mais nous ne sommes pas des terroristes. On veut juste que notre gouvernement nous traite comme des êtres humains. Pas comme des animaux”.
This former journalist was shot in the back. Since then, his legs no longer respond. All day, lying in his bed, he looks at photos on the internet taken in his country, Syria. He shows us an image taken at the beginning of the revolution in Deraa. We see young men demonstrating. “We started without weapon. But the world did nothing, he just looks at us without telling anything to Assad. So at one point we were forced to use weapons to defend ourselves. We are not terrorists. We just want our government to treat us as human beings. Not as animals. ”
Tous gardent le sourire et l’énergie. Cet appartement, c’est juste une parenthèse dans le conflit qui les oppose au régime de Bachar Al Assad. Dès qu’ils se sentiront mieux, ils repasseront la frontière et iront rejoindre les rangs de l’Armée syrienne libre.
All of them keep smiling and are full of energy. This apartment is just a pause for them in the conflict that opposes the regime of Bashar Al Assad to the FSA. Once they feel better, they will pass the border again and will join the ranks of the Free Syrian Army.